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  • Episode 9 : Abdeslam Sbatri: rassembler la jeunesse africaine, l’ambition d’une vie

    Pour notre neuvième épisode, nous retrouvons Abdeslam Sbatri. Abdeslam est marocain, et depuis 2008, il est à la tête de l’Organisation des Jeunes Africains (OJA), une ONG créée à son initiative avec des camarades d’université déterminés à rassembler la jeunesse du continent. Aujourd’hui l'OJA compte 29 pays membres, et plus de 8200 adhérents. Ensemble, ils souhaitent accélérer le développement de l’Afrique en ouvrant le dialogue entre les pays, en promouvant la culture, en assurant l’éducation et le développement des capacités des jeunes, en encourageant l’esprit entrepreneurial etc… Abdeslam et son organisation se positionnent ainsi comme les porte-paroles d’une jeunesse africaine optimiste, et décidée à faire de l’Afrique une terre d’opportunités économiques. C’est dans cette optique d’ouverture d’esprit et de solidarité régionale, qu’ Abdeslam a postulé à l’Académie des Talents méditerranéens. En rencontrant les Académiciens, et les intervenants du programme, il a pu apporter à l’OJA de nouvelles pistes de compréhension des enjeux de la région, mais aussi de précieux conseils pour le développement de leur dernier projet: une coopérative de transformation des déchets organiques qui garantirait l’insertion socio-économique des migrants. Aujourd’hui cette idée de projet se concrétise et pourrait bientôt voir le jour! Abdeslam nous raconte les origines de l’OJA, leur dernière initiative et l’apport de l’Académie dans ce projet d’ampleur. L'Organisation des Jeunes Africains En 2007 alors qu’il suit des études en économie pour devenir par la suite cadre financier, Abdeslam Sbatri décide de se réunir avec d’autres étudiants de la faculté d'économie de Tanger pour créer un espace d’échange, de dialogue et de collaboration entre jeunes africains de différentes nationalités. Le groupe qui se constitue est convaincu d’une chose: la collaboration de la jeunesse africaine permettra d’accélérer le développement de leur continent. Guidés par ce mantra, ils décident de se constituer en ONG et créent officiellement en 2008 l’Organisation des Jeunes Africains. Celle-ci est composée d’un conseil d’administration (29 conseillers représentant les pays membres), et d’un bureau exécutif central (7 membres) qui comptent chacun des représentants du Maroc, des Comores, du Tchad, du Mali, de Guinée, et de Madagascar. Ensemble, ils travaillent depuis Tanger et les différentes sections et antennes de l’Organisation sur leurs différentes missions et stratégies. Leurs objectifs sont les suivants: l’insertion socio-professionnelle des jeunes, l’ouverture du dialogue entre les pays, la promotion de la solidarité face à des défis communs, la valorisation de la culture, le renforcement des capacités des jeunes à travers l’éducation, le développement de l’entrepreneuriat, le plaidoyer pour la facilitation des déplacements, l’intégration des jeunes dans le monde, et le respect des droits de l’homme. Ce mandat, très ambitieux, a mené l’OJA à collaborer sur plusieurs projets aux côtés de l’Union Européenne et l’Organisation Internationale des Migrations. C’est ce partenariat qui a notamment accéléré le projet de Coopérative AMADAGH Environnement, un projet qui vise l’intégration socio-économique des migrants en provenance du Sahel. “Pour nous les “migrants” ce sont de jeunes africains. Ils méritent de se voir traiter, et se voir offrir les mêmes opportunités socio-économiques que les autres jeunes.” Le projet AMADAGH Environnement Créée dans la région de Tanger - Tétouan - Al Hoceima plus précisément dans la province de Ouazzane, la coopérative AMADAGH Environnement souhaite faciliter l’intégration économique, sociale et culturelle des migrants en provenance du Sahel dans la société marocaine. Les travailleurs seront issus de pays comme le Sénégal, le Mali ou le Tchad, et se verront travailler aux côtés des producteurs, acheteurs et clients locaux. En complément de ses objectifs socio-économiques, la coopérative souhaite également avoir un impact environnemental en luttant contre le rejet des déchets issus de l’industrie oléicole. Connue pour ses oliviers, la province de Ouazzane souffre néanmoins de la pollution générée par les résidus solides et liquides de la production d'huile d’olive. Le projet d’Abdeslam est donc multiple: en récupérant les grignons d’olives, les jeunes africains embauchés par la coopérative les transforment en briques de chauffage et en produits alimentaires pour les élevages de la région. “La Coopérative va permettre de faire de l’intégration sociale, offrira une solution durable à la pollution générée par la production d’huile d’olive, et une alternative biologique à la nourriture pour le bétail.” Aujourd’hui la coopérative est créée légalement, et le terrain sur lequel elle sera bâti est également identifié. En revanche, il reste encore à trouver les financements pour la construction du lieu et l’achat du matériel. Il s’agit effectivement du premier projet de cette ampleur, et pour Abdeslam, il s’agit d’une édition pilote. Si la coopérative de la région de Tanger- Tétouan - Al Hoceima fonctionne comme prévu, il envisage de répliquer le modèle dans différents pays membres de l’OJA en s’adaptant aux besoins locaux. L’Académie des Talents Méditerranéens Abdeslam a été, depuis le lancement des cours, l’un des Talents les plus assidus. Il admet qu’avant le programme, il ne percevait pas la Méditerranée comme un espace commun mais comme une frontière entre l'Europe et l’Afrique. Avec les différents cours, les ateliers, et les rencontres permises par l’Académie, il a vu son regard changer. “Pour moi, ça a toujours été le Nord versus le Sud, l’Europe versus l’Afrique. La Méditerranée était une frontière entre ces deux espaces, je ne l’avais jamais perçue comme une région à part entière avant l’Académie. Je me sens très chanceux d’avoir eu l’opportunité d’en faire partie. ” En plus d’un intérêt nouveau pour l’histoire de la Méditerranée, Abdeslam a beaucoup appris au cours des ateliers dédiés au développement de projet. En tant que représentant de l’OJA, il s’est toujours appliqué à partager avec ses collègues les conseils qu’il recevait lors des différentes séances. Cela a particulièrement été le cas lors de la retraite de Marseille, lors de laquelle il était en contact quasi-permanent avec son équipe afin de repenser la raison d'être du projet à la lumière des cours de Martin Serralta. Ce temps fort du programme a été extrêmement bénéfique pour la coopérative. L’approche de Martin a ensuite été suivi par les coaching de Yassine, coach chez Minassa. C’est avec lui qu’ Abdeslam a pu réfléchir en profondeur à la stratégie, au concept et au futur de la coopérative. En questionnant le modèle économique, Abdelslam a ainsi réalisé que la transformation des grignons d’olive en briques de chauffage n’était pas pérenne, et qu’il était nécessaire de diversifier les produits transformés (nourriture biologique pour animaux d’élevage). Rencontres et échanges Lors de la Retraite, Abdeslam a eu l'occasion de rencontrer les autres Talents du programme. Au-delà des différentes nationalités réunis, ce sont les différentes personnalités qui ont enfin pu être révélées. Abdeslam a réellement ressenti un avant et après -retraite. “Après la retraite, lors des cours en ligne, on sentait plus d'alchimie entre nous tous. Les personnalités étaient plus palpables.” Le présentiel a été également l’occasion pour les Talents d’échanger entre eux au sujet de leur pays d’origine. Abdeslam a particulièrement été surpris par la rencontre avec Karim (l’un de nos trois talents algériens) qui a révélé une personnalité bien éloignée des stéréotypes véhiculés par les médias marocains. Il a pu réinventer la relation Maroc-Algérie à l’aune de cette rencontre. Les discussions avec Issa (l’un de nos deux talents mauritaniens), ont elles aussi inspiré Abdeslam, qui envisage désormais d’installer l’OJA en Mauritanie. Autre point commun entre les Académiciens: leur rapport à l'environnement. Abdeslam a été très impressionné par les projets de chacun et leur potentiel d’action à l’échelle de la région. Le projet de Hend, selon lui, fonctionnerait très bien au Maroc, de par la quantité de côtes dont le pays dispose mais également de par le contexte favorable (nombre de chercheurs, conjoncture politique…). C’est parce que les opportunités de collaborations entre talents sont immenses, que Abdeslam espère voir la communauté de l’Académie grandir et perdurer. Merci à Abdeslam pour avoir partagé avec nous ses différentes initiatives et son enthousiasme à faire partie de l’Académie !

  • Episode 10 : Issa Djimera: ramener la vie après le crépuscule

    Dans notre dixième épisode de notre série de portraits d’académiciens, nous rencontrons Issa Djimera. Issa est mauritanien et il a décidé de mettre son expérience professionnelle au service d’un projet qui lui tenait à cœur: l’électrification des villages mauritaniens isolés. Au cours de ses différentes missions en milieu rural, il a pu voir combien le manque d'électricité pénalisait le développement socio-économique des communautés. Chômage endémique, isolement, analphabétisme, extrême pauvreté… Ces fléaux, Issa compte les combattre à travers un projet d’électricité verte qui non seulement alimenterait en électricité les villages et ses commerces, mais qui garantirait aux femmes bénéficiaires, un micro-crédit et un accompagnement dans la gestion de leur entreprise. Electrification, croissance économique, et autonomisation des femmes mauritaniennes sont quelques-uns des impacts directs qu’aurait le projet d’Issa sur les communautés rurales! Et c’est avec ce projet d’envergure qu’il s’est présenté à l’Académie. Aujourd’hui, celui-ci a dramatiquement évolué, et s’est consolidé. Issa revient sur la naissance de son projet, et la manière dont l’Académie l’a aidé dans le développement de celui-ci. ATM: Bonjour Issa, pour les personnes qui ne te connaissent pas encore, pourrais-tu te présenter ? Je m’appelle Issa Djimera, je suis mauritanien, et je vis à Nouakchott. C’est dans cette même ville que j’ai grandi et étudié du primaire à ma licence en économie. Je suis ensuite parti faire mon master en Tunisie avant de rentrer et de tenter le concours de l’Ecole Nationale de journalisme et de magistrature. Je n’y ai pas été accepté mais cet échec a marqué le début de ma carrière en ONG. J’ai commencé par travailler dans un centre culturel avant de devenir animateur dans un projet socio-économique pour un organisme de l’ONU. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à me spécialiser dans l’insertion socio-professionnelle des jeunes et des femmes en milieu rural. Aujourd’hui j’ai plusieurs casquettes ! Je suis conseiller technique dans une ONG dans laquelle j’interviens sur ce sujet précis de l’insertion socio-professionnelle. Mais je dirige également “Citoyennes, citoyennes debout !”, un espace où les jeunes viennent se former afin d’intégrer le monde professionnel. Je suis également chargé de suivi évaluation du programme “Fage”, un programme lancé par l'ambassade de France en Mauritanie. Et pour finir, il m’arrive de donner des cours à l’université de Nouakchott et dans des universités privées de Mauritanie. ATM: Et ton projet, pourrais-tu nous expliquer d’où il vient, et en quoi il consiste? Mon projet est directement issu de mes missions de terrain en milieu rural. Il faut s’imaginer que dans ces zones reculés il n’y a pas, ou peu, d'électricité, alors même qu’elles sont extrêmement peuplées. Cela veut dire qu’une fois le soleil couché, la vie s’arrête ! Ce manque d’électricité a de graves conséquences sur le niveau de vie des habitants : il y a un chômage rampant, une grande pauvreté mais il y a également des problèmes de santé publique et des problèmes d’éducation. Les enfants sont donc très souvent déscolarisés et analphabètes. “Le manque d'électricité dans ces village anéanti leur développement économique.” Ces zones abandonnées par les pouvoirs publics sont véritablement l’expression du mal qui ronge la société mauritanienne. Nos élus ne gouvernent pas pour le pays mais pour la région dont ils sont issus, laissant ainsi dépérir les autres… Malgré tout, ces régions ont de quoi devenir autonome énergétiquement et économiquement! J’aimerais construire des espaces équipés de panneaux photovoltaïques qui seraient en mesure de fournir en électricité les villages. Mais le projet ne s'arrête pas là. En plus de la production et de la vente d’électricité, une mutuelle accorde des microcrédits aux femmes qui souhaitent utiliser cette énergie dans le but de développer un commerce. Et ces femmes, je les accompagnerai dans le développement de leurs activités sur des périodes de 3 mois. “C’est une collaboration tripartite : la production d’électricité, la mutuelle, et les bénéficiaires” ATM: Et aujourd’hui, où en est ton projet ? Cette année je vais lancer le pilote de mon projet dans le village de Monguel, dans la région du Gourgoul. La mairie me loue à un prix symbolique un espace de 200 m² pour y construire la centrale photovoltaïque. Là-bas j’y ai mené des entretiens avec les femmes du village qui souhaitent entreprendre. Pour cette première édition, je vais en accompagner trente. Trente femmes, qui je l’espère pourront ouvrir leur commerce (restauration, salon de coiffure, boulangeries et autres micro-entreprises) et donner un second souffle à leur village ! Je suis accompagnée dans ce projet par deux collègues, un ingénieur et une technicienne qui s’occuperont de la production d’électricité. Mais aujourd’hui je ne dispose d’aucun financement. Les besoins sont pourtant importants: panneaux solaires, équipements, salaires… J'espère rencontrer des partenaires rapidement et voir se concrétiser les promesses de financement que j’ai reçues. ATM: Peux-tu désormais me parler de l’Académie? Pourquoi y as-tu postulé et qu’y as-tu trouvé ? J’étais intrigué par le prisme méditerranéen du programme. Avant l’Académie je n’envisageais pas du tout la Méditerranée comme un espace commun, alors que celui-ci est chargé d’histoire. Les cours m’ont donc beaucoup apporté de ce point de vue. À travers le programme, j’ai également bénéficié des conseils de Martin et Yassine, les deux accompagnants spécialisés dans le suivi de nos projets. “La Méditerranée c’est une histoire et un patrimoine à cultiver et à protéger.” Quand j’ai intégré l’Académie j’avais mon idée de projet mais j’étais incapable d’en parler. Aujourd'hui celui-ci a bien évolué et je suis en capacité de l’expliquer clairement. Et il est bien plus solide qu’auparavant puisque les coachs m’ont poussé à revoir son Business Model et à revoir ma manière de pitcher. J’ai également trouvé dans l’Académie des camarades très inspirants. Nos projets, bien que très différents les uns des autres, présentent de nombreux points de synergie. À Marseille, j’ai tout de suite trouvé un esprit de partage et d’entraide: nous nous encourageons mutuellement, nous nous donnons et recevons des conseils en fonction des expertises de chacun… Nous avons vécu quelque chose de très fort lors de cette première retraite, et j’ai hâte que l’on se retrouve à Tunis. Merci à Issa de nous avoir présenté son projet et la manière dont l’Académie l’a aidé à reconsidérer l’espace méditerranéen et à accélérer le développement de son projet.

  • Episode 8 : Camélia Barbachi: entrepreneuse et créatrice des deux-rives

    Pour notre huitième portrait de notre série, nous rencontrons Camélia Barbachi. Camélia est franco-tunisienne, et à seulement 25 ans, elle a déjà créé sa marque de vêtements éthiques, CHEZ NOUS. Éthique, durable, agenrée et inclusive, sa marque souhaite offrir une alternative à la fast fashion en produisant ses créations dans des ateliers certifiés responsables en France et en Tunisie, et en proposant une gamme de vêtements qui reflètent l’identité méditerranéenne. Ce projet d’ampleur s’est imposé à Camélia à la sortie de ses études, après une thèse sur l’impact de la fast fashion conduite en parallèle d’un stage chez un géant de l’industrie textile. Face à un dilemme idéologique, travailler pour un système dans lequel elle ne croit plus, elle décide de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Sa détermination est le moteur de sa réussite! Et son attachement à sa double culture nourrit ses créations. Convaincue de la richesse et de la complexité de l’identité Méditerranéenne, Camélia souhaite lui donner la visibilité qu’elle mérite à travers ses pièces. En candidatant à l’Académie des Talents méditerranéens, elle souhaitait approfondir ses connaissances sur les enjeux contemporains de la région. Elle y a découvert bien plus! A travers la rencontres des intervenants et des participants, elle a trouvé dans l’Académie, le moyen de s'affirmer en tant que marque indépendante et innovante. Rencontre. Le Covid, une occasion de se réinventer Après des études en commerce international et une année de césure au Portugal, Camélia décide d’entamer un MBA en International Business et Management entre les Pays Bas et l’Angleterre. Cette année-là, elle rédige une thèse sur l’impact de la fast fashion à l’aide de l’expérience qu’elle acquiert lors d’un stage chez ASICS à Amsterdam. Une fois diplômée, elle y décroche un contrat de 6 mois avant de se voir contrainte, par la crise sanitaire, de rentrer en France. C’est dans ce climat incertain, sans perspective de voir son contrat être renouvelé, qu’elle se pose la question de ce qu’elle souhaite vraiment faire. “J’ai réalisé que ce que je faisais était dénué de sens, et que cela allait à l'encontre de mes valeurs personnelles. J’avais besoin qu'elles soient alignées avec ce que je faisais au quotidien.” Après un an de recherche, et un an d’expérience professionnelle dans l’industrie de la mode, le jugement était sans appel! Son désir de proposer une alternative à la fast fashion s’affirme alors, et devient le moteur de son projet de marque alternative. Sa valeur-ajoutée sera plurielle: d’abord par son inclusivité culturelle, elle représentera des personnes que l’on voit rarement dans les magazine de mode, en particulier d’Afrique du Nord, mais aussi par ses tailles, qui iront du XXS au XXXL et enfin par son genre, puisque l'ensemble des pièces sera non-genrée! Une fois cette idée consolidée, Camélia décide d’aller se former à Bordeaux en création et développement de collection. Et en octobre 2021, elle lance sa campagne de crowdfunding sur Ulule. La marque est lancée! “On le sous-estime souvent, mais il existe une majorité de personnes sensibles à la question de la mode éthique, et ce, indépendamment de leur origine socioprofessionnelle, de leur niveau d’éducation etc… C’est une préoccupation universelle.” CHEZ NOUS., l’expression d’une mode méditerranéenne En se positionnant comme alternative à la fast-fashion, la marque CHEZ NOUS. souhaite produire des pièces respectueuses de l’environnement et des travailleurs, mais également inclusives et qui mettent en valeur la Méditerranée. Le nom de la marque prend ici tout son sens. Les “chez-nous” sont ces franco-tunisiens qui évoluent entre leurs deux pays et qui se trouvent dans cet entre-deux. Inspirée par son propre héritage franco-tunisien, Camélia souhaite célébrer ces identités plurielles, ce multiculturalisme, à travers ses créations. “L’idée c’est de créer un pont entre les deux rives à travers la mode.” CHEZ NOUS encourage une consommation plus responsable de la mode sans que cela ne vienne impacter la dimension esthétique des pièces produites. Les pièces designées par Camélia sont ainsi produites dans des ateliers de couture en Tunisie reconnus comme éco-responsables et qui garantissent à leur travailleurs des conditions de travail et des revenus justes. Camélia fait également le choix de cultiver le savoir-faire textile que l’on trouve encore en Tunisie. Elle a pensé la marque, créée l’entreprise et gère aujourd’hui l’ensemble de ses opérations. C’est elle qui pense et dessine les pièces, et qui échange avec les ateliers sur place autours des prototypes avant d’y lancer la production. Pour la distribution, elle passe par une plateforme logistique qui se charge d’envoyer ses pièces dans son réseau de revendeurs et chez les particuliers qui lui commandent des articles en ligne. Mais pour tous les autres aspects du business, c’est Camélia qui est aux manettes! Comptabilité, marketing, business developpement, finances… elle est sur tous les fronts. L’Académie, l’occasion de rencontrer des méditerranéens de coeur La participation de Camélia dans le programme de l’Académie était en adéquation avec sa curiosité et son attachement pour la région. En réunissant des porteurs de projet issus de l’ensemble du pourtour méditerranéen autour de ses enjeux contemporains, le programme lui offrait ainsi l’opportunité de questionner son identité méditerranéenne et de penser au futur de cet espace commun. Les différentes masterclass et ateliers ont été l'occasion de questionner les défis environnementaux, sociaux et politiques de la région, et de réfléchir au positionnement du groupe et des projets dans cette espace multiformes. “On n'envisage plus la Méditerranée comme des pays avec des frontières mais comme un espace commun.” Lors de la retraite, les participants ont finalement pu se rencontrer et échanger au sujet de leurs projets. Les intéractions en digitales ont très vite laissé place à une synergie naturelle qui s’est installée entre eux à Marseille. Malgré leurs différences, Camélia a trouvé dans ces co-apprenants des valeurs communes et s’est sentie appartenir à un groupe. Alors qu’ils ne se connaissaient que très peu, le groupe a naturellement pris forme. “C’était très inspirant de rencontrer le reste de la cohorte. Malgré les natures très différentes de nos projets, nous sommes tous mû par la même volonté de créer un futur positif pour la Méditerranée.” La rencontre de Marseille laisse augurer de belles retrouvailles à Tunis pour la seconde retraite du programme. Pour Camélia, ce sera l’occasion de voir la manière dont les visions individuelles et communes de la Méditerranée auront évolué lors de cette seconde partie du cursus. Ce sera aussi l’opportunité pour elle et Meriem Aouadi, la co-fondatrice de Maft, de présenter au reste de la cohorte une collaboration entre leurs deux projets, née des travaux de groupes à Marseille. L'enjeu pour l’Académie, au-delà de Tunis, sera de maintenir les liens qui unissent aujourd'hui les membres de la cohorte, et de faire perdurer ce réseau de méditerranéens optimistes! Merci à Camélia de nous avoir présenter sa marque et la façon dont son projet s’inscrit dans les ambitions de l’Académie!

  • Episode 7 : Renforcer la sécurité alimentaire en Méditerranée, le défi de Mohamed Ouchene.

    Nous continuons notre série de portraits avec l’agronome Mohamed Ouchene. Originaire de la région de Bouira en Kabylie, Mohamed a grandi entouré de vergers d’oliviers. Cette enfance passée dans cette région oléicole, l’a naturellement influencée dans ses choix universitaires et de carrière. Après des études en oliviculture et en oléotechnie, réalisées entre l’Espagne et l’Algérie, Mohamed s’engage dans l’humanitaire sur la thématique de la sécurité alimentaire dans le désert du Sahara. En parallèle de son métier, et dans le cadre associatif, il prend part à une initiative écologique qui souhaite valoriser les déchets organiques issus de la production d’huile d’olive. Industrie omniprésente en Algérie, et dans le reste de la Méditerranée, cette industrie bien que traditionnelle et locale, est à l’origine d’une pollution environnementale très importante. Dans une région sensible aux incendies, le rejet en pleine nature des grignons d’olive représente un combustible à haut risque, en plus de polluer l'environnement. Ajouté à cela le rejet des liquides de rinçage des fruits qui contaminent les nappes phréatiques, la production d’huile d’olive doit trouver des alternatives à ce non-sens écologique. Accompagné par ses proches et influencé par son travail en ONG, Mohamed Ouchene décide d’agir à travers un projet entrepreneurial. Son idée: valoriser les résidus de l'oléiculture en utilisant son compost pour cultiver des champignons destinés à la consommation. Impact environnemental et impact sociétal sont ainsi assurés! Interviewé par l’équipe de l’ATM, Mohamed nous présente son parcours et les détails de son projet. Un parcours méditerranéen À l'instar de l’olivier, le parcours académique de Mohamed est particulièrement méditerranéen. Après un diplôme d’ingénieur en agronomie à l’Ecole Nationale d’Agronomie d’Alger, il a l’opportunité d'effectuer un master à l’étranger grâce au Centre International Des Hautes Etudes Agronomiques Méditerranéennes (CIHEAM), un programme académique qui valorise la coopération entre les deux rives de la Mare Nostrum. Ce réseau universitaire situé sur le pourtour méditerannéen, lui permet ainsi de réaliser un master en oliviculture et oléotechnie à Cordoue, en Espagne. Cette formation lui apporte de solides compétences dans la culture de l’olivier et l’extraction de son l’huile. Son master en poche, Mohamed occupe d’abord un poste d’enseignant vacataire en université mais peu convaincu par son expérience, il décide de se réorienter et commence à travailler auprès d’Oxfam, une ONG internationale, à Tindouf. Avec ce nouveau poste, Mohamed s’attaque au problème d'insécurité alimentaire à laquelle les réfugiés Sahraouis sont exposés, et s’applique à renforcer leurs capacités de production. En 2016, il décide de renouer avec le domaine oléicole. Devant la pollution produite par le secteur et les quantités de déchets non traités rejetés dans la nature, il développe une solution de revalorisation de ces derniers. Deux types de déchets sont issus de la production d’huile d’olive, les grignons d’olives, composés des résidus de noyaux et de chairs, et les margines, les résidus liquides (eaux de rinçage). Habituellement brûlés, ou rejetés en pleine nature, ils causent des dommages environnementaux conséquents. Mohamed décide donc de collecter ces déchets et d’en faire du compost. Pour cela il collabore avec l’association environnementale Thazmourth avec laquelle il participe en 2016 au programme SwitchMed. A l'issue de celui, ils reçoivent la nomination de la meilleure innovation socio écologique. “ Développer ce projet nous a permis d’obtenir un compost de qualité via la valorisation des grignons d’olive. Mais réaliser ce projet dans un cadre associatif présente ses limites. Pour rendre mon action durable, il fallait s’orienter vers l’entreprenariat.” Allier protection de l'environnement et sécurité alimentaire. Pour assurer la pérennité de son action, Mohamed doit se tourner vers l’entrepreneuriat. Il se rend rapidement compte qu’il doit revoir son business model en raison de la forte concurrence dans le secteur du compost en tant que produit fini. Il repense son projet à la lumière de son expérience avec Oxfam, et les conseils de ses proches. Ensemble, ils décident de se lancer dans la production de champignons comestibles, les pleurotes, en utilisant le substrat des grignons d’olives comme terreau. Cette culture, économiquement très rentable, lui permet ainsi d'assurer le développement du projet. Aujourd’hui, Mohamed est encore en phase d’expérimentation car la composition du sol sur lequel cultiver les champignons n’est pas arrêtée. Il lui faut trouver la combinaison parfaite entre compost de grignons d’olive, et le compost d’autres déchets. Une fois que ce sera chose faite, Mohamed souhaite lancer une production à grande échelle. Avec cette activité supplémentaire, Mohamed participe ainsi à la réduction des dommages environnementaux provoqués par l’industrie oléicole, tout en assurant la production d’un aliment à forte valeur nutritionnelle qui peut représenter pour la population, une source alternative et plus accessible en protéines, vitamines et sels minéraux. Car son projet ne se limite pas à l'Algérie! Avec 95% de la production mondiale d’huile d’olive issue de la zone méditerranéenne, s’adresse à la région entière. “L’olive est omniprésente en Méditerranée. Mon projet de valorisation des déchets issus de la production d’huile est donc par nature scalable et réplicable dans la région.” L’Académie, l’opportunité de continuer son scale-up La refonte du projet de Mohamed l’a poussé à rechercher un accompagnement qui, non seulement, l’aiderait à consolider son concept, mais qui serait aussi aligner avec ses aspirations méditerranéennes. C’est exactement ce qu’il a trouvé dans l'Académie des talents. “ La dimension méditerranéenne du programme m'a motivé à postuler. En effet, mon idée de projet traite d'une problématique qui touche l’ensemble de la région, impliquant la possibilité de dupliquer ma solution dans cet espace. ” Attentif et volontaire lors des cours, Mohamed ne tarit pas d’éloges sur la formation. Pour lui, le programme se démarque des autres cursus par la diversité des thématiques abordées, les profils complémentaires des bénéficiaires, et ses deux temps en présentiel. Les cours assurés en ligne par des intervenants de Aix Marseille Université lui ont permis d'affiner sa connaissance des grands enjeux méditerranéens, et les ateliers avec Martin Serralta et Minassa lui ont permis de poser de solides bases pour son projet entrepreneurial. “L’Académie des talents méditerranéens n’est pas un programme comme les autres. La variété des thématiques abordées me permet d’enrichir mes connaissances et me sensibilise à de nouveaux sujets.” Une implication malgré les contraintes professionnelles Mohamed a entamé son activité de valorisation des déchets alors qu’il travaillait à Tindouf, une ville située à 1500 km d'Alger et de son domicile. Malgré le soutien de ses proches dans la gestion quotidienne du projet, cette situation ne lui convenait plus. Début décembre, il décide de quitter Oxfam pour un poste basé dans la capitale dans un organe des Nations Unies. Si ce changement de carrière lui a permis d’évoluer professionnellement et de se rendre plus disponible pour son projet, il est intervenu au moment de la retraite en présentiel à Marseille, le contraignant à ne pas y participer. Malgré cette absence à ce premier temps fort du programme, l’implication de Mohamed pour les cours en digital ne s’est pas essoufflée, bien au contraire. Sa relocalisation à Alger lui a également permis de se rapprocher des autres talents, et notamment de Karim Brouri! À l'occasion de la venue en Algérie de Meriem Aouadi, l’un de nos Talents tunisiens, pour le Forum Notre Futur organisé par l’Institut Français, Mohamed a pu rencontrer ses deux collègues académiciens. Ensemble ils ont pu échanger sur leurs différents projets, resserrer les liens qui les unis et partager avec Mohamed l’expérience de la retraite marseillaise. Une rencontre qui lui a donné un aperçu de ce qu’il retrouvera à Tunis lors du deuxième présentiel de l’Académie! “J’ai hâte de rencontrer le reste de la cohorte à Tunis lors de la seconde retraite!” Merci à Mohamed de nous avoir accordé cette interview, et de nous avoir présenter son projet impactant ainsi que son parcours inspirant au sein de l’Académie !

  • Episode 6 : Amine El Bouaichi, le défenseur d’une Méditerranée solidaire

    Nous poursuivons notre série de portraits avec Amine El Bouaichi, notre représentant espagnol dans l’Académie! Amine a 29 ans et il vit à Séville. Son quotidien est partagé entre son travail à la Commission espagnole pour l’aide aux réfugiés, et ses recherches pour sa thèse de doctorat sur la politique extérieure de l’Union Européenne. Cet intérêt marqué pour les relations internationales et les politiques de voisinage, il le doit à son enfance passée entre l’Espagne et le Maroc, le pays de ses parents et de sa famille. Grandir en étant baigné par deux cultures, deux langues, l’a poussé à apprendre le français et l’anglais, à voyager, à étudier à l’étranger, et à vivre, aujourd'hui, cette identité plurielle. Mais pendant cette enfance, Amine a aussi été le témoin des difficultés rencontrées par ses parents, en tant qu’immigrés. L'obstacle de la langue, l’absence de cercle social, l'incompréhension des démarches administratives, l’ignorance de leurs droits… Cette expérience, familiale, a profondément marqué Amine. Aujourd’hui à travers le poste qu’il occupe, mais aussi, et surtout, à travers le projet qu’il porte, il souhaite faciliter l’intégration des immigrés en Espagne, et rendre cette expérience la plus douce possible. Cours de langues, rencontres avec les locaux, ateliers interculturels… c’est à travers les échanges et le partage, qu’Amine souhaite réinventer les perceptions, mettre à mal les préjugés et redonner aux personnes issues de l’immigration, leur dignité. Porté par le sentiment d’être avant tout, méditerranéen, Amine a rejoint l’Académie pour prendre part à cette communauté d’individus qui réécrivent l’histoire de la région. Rencontre. ATM: Bonjour Amine, merci de nous accorder cet entretien ! Pour les personnes qui ne te connaissent pas encore, pourrais-tu te présenter toi et ton projet ? Alors, moi c’est Amine El Bouaichi, j’ai 29 ans, et j’habite à Séville où je fais mes études. Depuis deux ans et demi je poursuis un doctorat qui porte sur la politique de voisinage de l’Europe vis-à-vis des pays du Sud et extra européens comme la Turquie. Cette thèse intervient après une licence et un master en Relations Internationales que j’ai réalisé entre la France et l’Espagne. Depuis mon adolescence, j’étais attiré par les différentes cultures, les langues, l’histoire…Je parle le darija, l’espagnol, le français et l’anglais. Ajoute à ça, mes différentes expériences à l’étranger, mon choix de formation était tout trouvé! Ce doctorat, je l’ai entamé sur les conseils de mes professeurs et dans l’optique de devenir enseignant par la suite. Mais en parallèle de ça, je travaille depuis trois ans à la Commission espagnole pour l’aide aux réfugiés. Là-bas nous recevons un public majoritairement issu d’Afrique Subsaharienne, mais qui vient aussi du Maghreb et du Moyen-Orient, et nous les aidons dans les démarches liées à leur arrivée. Nous assurons un accompagnement juridique, une aide dans les processus administratifs, ainsi que des ateliers culturels et linguistiques en plusieurs langues. Cette structure, soutenue par le Ministère espagnol chargé des migrations et de la sécurité sociale, offre une assistance aux réfugiés qui viennent s’installer ici. Elle s’assure que leurs droits sont respectés et que leur voix est entendue. Notre bureau, ici à Séville, a déjà accueilli plus de 7000 personnes. “J’ai véritablement grandi entre les deux rives. Chaque été nous rendions visite à mes grands-parents au Maroc. De retour en Espagne, je parlais darija à la maison, espagnol, anglais et français!” Je m’y plais beaucoup. On fait un travail qui bénéficie aux gens de manière immédiate. Et cela résonne énormément avec mon expérience personnelle et mon envie d’aider les autres. Depuis toujours, je souhaite faire quelque chose pour la communauté, et en particulier pour les personnes issues de l’immigration. Je suis d’origine marocaine, mes parents sont arrivés en Espagne dans les années 80 de manière légale. Je les ai vu surmonter avec peine les obstacles administratifs, linguistiques et culturels qu’une immigration implique: ne pas connaître la langue, se retrouver seul, avoir des difficultés à se créer un nouveau cercle social, ne pas connaître ses droits. C’est pour cela que j’aimerais faciliter ce processus pour ceux qui se trouvent aujourd’hui dans cette même situation. Cela pourrait passer par des cours d’espagnol, des ateliers interculturels, un lieu où ils pourraient venir trouver des réponses à leurs questions, et où ils se sentiraient soutenus et accompagnés. L’idée c’est vraiment d’améliorer leur expérience d’immigration. “Je souhaite apporter ma pierre à l’édifice et soutenir les personnes issues de l’immigration lors de leur arrivée en Espagne mais aussi et surtout, dans leur intégration dans la société. J’ai vu mes parents s’en sentir exclu, et c’est un sentiment que je ne souhaite à personne”. La différence majeure entre mon projet et le travail de la Commission Européenne pour l’aide aux réfugiés sera son caractère non lucratif. J’ai envie de créer une association dans laquelle des bénévoles interviendraient. ATM: Parle-moi maintenant de ce que le programme de l’Académie a pu t'apporter? Avec quels impacts pour ton projet? Je suis arrivée dans le programme avec une idée générale de mon projet, mais grâce aux encadrants, j’en ai aujourd’hui une vision bien plus précise. Martin Serralta que l’on a rencontré à Marseille m’a vraiment poussé dans la définition de mon projet et de mes intentions. Yassine, le coach de Minassa, est allé dans le même sens et m’a conseillé d’être encore plus précis dans mes ambitions. “Mon idée de projet a beaucoup évolué depuis le lancement du programme. Aujourd’hui j’ai un projet beaucoup plus clair qui ne demande plus qu’à être mis en pratique.” Dans mon association, les bénévoles et moi ferons de l'intégration linguistique en priorité avec des cours d’espagnol trois par semaine. Nous organiserons également des rencontres interculturelles avec les populations locales pour favoriser le rapprochement entre les locaux et les nouveaux arrivants. Car l’enjeu principal c’est l’intégration, et pour cela il faut que les deux parties-prenantes y soient ouvertes. On doit favoriser la rencontre entre des populations qui ne sont jamais rencontrées, qui ont des préjugés les uns sur les autres. Avec mon association, je veux créer des opportunités de rencontres et de partage, avec des ateliers cuisine par exemple! Et puis, en complément, il y aura bien sûr une aide administrative pour inscrire les enfants à l’école, recevoir des aides, etc… “Malgré nos différences, nos origines, la couleur de notre peau, nous sommes tous des être humains. Avec mon association, nous allons favoriser les rencontres, c’est seulement ainsi qu’on abolira les préjugés.” ATM: Dis-moi ce qui t’a poussé à postuler à l’Académie ? Je dirais d’abord que je me suis retrouvée dans les valeurs du programme. Célébrer la Méditerranée comme il le fait, c’est reconnaître que les gens d’Afrique du Nord sont méditerranéens, les gens d’Europe du Sud sont méditerranéens, qu’en Espagne on est méditerranéens… C’est l'ambition de mon projet, et ma conviction personnelle. L’Académie rend hommage à la région, et met à mal les idées-reçues et les stéréotypes dont souffrent les migrants. Il est temps de leur redonner dignité. Les migrants apportent énormément à la société, du point de vue économique par leur savoir faire, comme du point de vue social avec leur expérience personnelle. “Il est temps que la solidarité internationale soit économique, politique et sociale.” L’Académie c’est aussi un signal fort de la part de la France et de l’AFD. Elles affirment à travers ce programme leur engagement pour la région, mais aussi pour la coexistence et la cohabitation entre les populations des deux rives. ATM: L’Académie c’est aussi une cohorte à l’effectif réduit que tu as rencontrée à Marseille lors de la retraite de Marseille. Tu peux me parler de ce groupe? La retraite de Marseille a été une expérience très riche. Les différents projets de chacun se font écho, et se complètent. Et ce, même s’ils évoluent dans des domaines, a priori, très éloignés. On s’est véritablement retrouvés entre méditerranéens qui essaient de changer la réalité méditerranéenne et de surmonter ses défis. La retraite a matérialisé cette ambition de réunir plusieurs cultures, d’abolir les frontières géographiques, et sociales. C’était génial de pouvoir travailler tous ensemble pour améliorer cet espace commun qu’est la Méditerranée. J’ai hâte de voir la suite. “Je suis arabe, espagnol et africain, européen… et méditerranéen.” Merci beaucoup Amine de nous avoir accordé cet entretien et de nous avoir présenter ton projet et ta vision de la Méditerranée!

  • Episode 5 : Meriem Aouadi, fer de lance de la mode Made in Tunisia

    Pour ce cinquième épisode de notre série-portrait, nous rencontrons Meriem Aouadi, la cofondatrice de la plateforme digitale maft maft, c’est une plateforme de représentation e-commerce qui opère en tant que magazine digital, bureau créatif et e-shop dans le but de promouvoir les designers, les créateurs, et les entrepreneurs engagés dans le milieu créatif en Tunisie et en Méditerranée. C’est un projet né d’une passion renversante pour la mode. Depuis toute jeune, Meriem était déterminée à en faire son métier, mais dans un pays où ce secteur n'existait pas encore, il y avait tout à inventer  ! Repérer les créateurs, les réunir, les former à la mode durable, assurer leur représentation à l'international… Meriem s’est chargée elle-même de créer et d’assurer tous ces services. Un projet de longue haleine qu’elle mène aujourd’hui avec une équipe de passionnés et deux cofondatrices. Mais maft, c’est aussi le symbole d’une jeunesse tunisienne qui croit en l’avenir de son pays, qui crée et expérimente malgré les difficultés financières, la conjoncture politique peu favorable, les doutes et le jugement des autres. C’est l’expression d’une jeunesse militante et engagée aussi bien sur le plan social que sur le plan environnemental, qui veut valoriser ses talents nationaux et les faire rayonner à l’international. La mode comme outil d’émancipation, voilà ce que souhaite transmettre Meriem à travers son projet. Avec le soutien de l’Académie des talents, celui-ci a pu prendre une nouvelle dimension en s’affirmant comme plateforme méditerranéenne. Aujourd’hui, Meriem revient sur l’histoire de maft et ses différentes missions. Spécialiste marketing le jour, créatrice de mode la nuit Meriem a toujours su qu’elle travaillerait dans la mode. Petite, elle collectionnait les magazines, et rêvait de devenir designer. Elle était passionnée par ce que la mode pouvait raconter, par l'architecture des vêtements, par toutes les facettes de l’industrie. Pendant ses études à l’IHEC, une école de commerce à Tunis, elle commence à mener une double vie. Après ses cours de finance et de marketing, elle recherche et repère les designers de la scène fashion tunisienne émergente. À l'époque, ce n’était pas une tâche facile : le secteur de la mode n’existait pas encore, et aucun lieu ne rassemblait les créateurs et passionnés. Meriem se lance aussi dans la création de sa propre marque d’accessoires pendant ses études afin de pouvoir tester la casquette d’entrepreneur et de vivre sa passion. Elle crée au même moment un blog pour promouvoir les tunisiens et leur immense talent, c'est alors l’un des tout premiers espaces digitaux spécialisés. Avec l’aide d’une amie, ce blog prend de l’importance, et s'accompagne d’ouverture de pop-up stores. Leur intention est alors de pratiquer la mode sous toutes ses formes. “Ces 12 dernières années, je les ai passées à rencontrer des designers, assister au lancement de leurs marques et les voir grandir. Cette relation que j’ai avec eux m’est très chère”. Après 6 ans à travailler dans le secteur privé, Meriem décide de se lancer dans un projet de plus grande ampleur : le blog allait laisser place à une plateforme digitale. Elle quitte le monde corporate et rejoint Minassa, l’incubateur de la scène culturelle en Tunisie, en tant que chargée de communication et événementiel. Elle y accompagne des startups, se familiarise avec leurs difficultés, et surtout, fait connaissance avec une équipe franco-tunisienne qui l’inspire pour son projet. D’abord intriguée, elle est impressionnée par la manière dont ses collègues français aiment son pays. Le sentiment de se retrouver entourée de méditerranéens émerge. La renaissance de maft Après un an chez Minassa, elle décide de se dédier entièrement à son projet. Après avoir travaillé sur différentes missions dans la mode, et rencontré un grand nombre de créateurs, Meriem souhaite dorénavant participer à l'émergence de ce secteur qui grandit sans aucun soutien conventionnel. Elle rebrand sa plateforme, qui devient maft, et s’associe avec sa cofondatrice, Malak. Ensemble, elles sont déterminées à aider les designers. Mais un problème de taille se dresse devant elles : celui du business model. Les incubateurs qu’elles rencontrent ne leur apportent aucune piste de réflexion, car ils ignorent tout des spécificités du secteur de la mode, et nient en l'occurrence son aspect artistique pourtant primordial. Malgré cela, Meriem continue d’avancer et maft prend forme pendant la pandémie, une période cruciale pour les créateurs. L’équipe s’agrandit avec une 3e cofondatrice, et compte alors six personnes au total : une rédactrice, un marketeur, un développeur web, une coordinatrice digitale, et une directrice artistique. Et finalement, elles trouvent un modèle économique qui leur convient. “maft devait trouver une solution pour être économiquement durable, tout en continuant son travail de valorisation des créateurs. La solution a été de créer une association et une startup.” Grâce encore une fois à son expérience de terrain, Meriem a pu identifier les deux freins majeurs au développement de la fashion scène tunisienne. D’abord la visibilité, mais aussi et surtout, le sourcing des matières premières. Le secteur tunisien de la mode se trouvant encore à son stade embryonnaire, elle y voit l’occasion unique d’agir pour s’assurer qu’il ne tombe pas dans les travers néfastes de la fast-fashion : elles co-créent un programme d’incubation gratuit inédit à destination des designers dans lequel elles leur apprennent à intégrer l’upclycling et les invendus dans leur processus créatifs. Cette démarche responsable demande beaucoup de créativité et des compétences en modélisme que le programme s’applique à cultiver. Mais il offre aussi aux bénéficiaires un accès à la matière première, à l’atelier de fabrication, à un dépôt et de la visibilité pour leur travail. Et just like that, les créateurs reprennent le contrôle de la chaîne de valeurs. “Nous formons ainsi une nouvelle génération de designers responsables prêts à accéder au marché international.” Cette démarche est hébergée par une association, une structure dont la création n’a pas été simple en raison de l’instabilité politique du pays, mais qui est aujourd’hui en mesure de capter des fonds internationaux. Le programme est le premier de son genre en Tunisie, il a déjà accompagné 11 designers et entame sa 3ème édition. En parallèle de l'association, elle décide que ses revenus proviendront de la plateforme digitale à travers différents services, c’est la startup. Le modèle repose sur trois volets : le magazine dans lequel sont publiés des portraits, des interviews et des articles, le consulting auprès des marques (brand management, aide à la commercialisation…) et enfin un e-shop. Cette étape importante dans le développement de maft lui a permis d’accéder à sa toute première levée de fonds, auprès de Creact4med L’Académie des talents, une nouvelle étape pour maft Initialement orientée vers la région MENA, la plateforme de Meriem s’est progressivement tournée vers la région méditerranéenne. Sa participation à l’Académie a confirmé l’intuition qu’elle avait eu lors de son expérience chez Minassa. “Au début de maft, je pensais que ma cible serait la région MENA. Mais au fond, j’avais toujours été intriguée par la région méditerranéenne, l’Europe et la France. L’Académie a confirmé mon intuition.” L’accompagnement de l’Académie a représenté une étape importante pour Meriem, tant sur le plan personnel que professionnel. Arrivée dans le programme avec l’intention de déterminer si la Méditerranée ferait partie de son champ d’action ou non, elle est rentrée de la retraite marseillaise avec une toute nouvelle vision pour son projet. Grâce à l’Académie, elle a d’abord compris que sa plateforme devait être méditerranéenne, car il est aujourd'hui primordial de rassembler les deux rives et de mettre fin à la séparation nord-sud qui monopolise les imaginaires. Avant l’Académie, Meriem ne connaissait rien des pays du pourtour méditerranéen; aujourd'hui, elle n’envisage pas son projet dans un autre espace géographique. Mais le programme lui a surtout permis de réaliser qu’elle avait perdu sa raison d’être au cours de son travail au service des autres. Les exercices de Martin Serralta, intervenant sur la prospective, lui ont permis de se retrouver et de se repositionner dans son projet. “L’exercice de la raison d’être a été l’exercice le plus difficile de ma vie, mais grâce à lui j’ai réalisé que j’avais perdu ma raison d’être en chemin. Je m’étais oubliée.” Meriem a également trouvé dans l’Académie un espace qui accueillait des porteurs de projet issus du secteur des Industries Culturelles et Créatives, un domaine encore délaissé par de nombreux programmes. Au-delà des nombreuses amitiés qui se sont formées lors de la retraite en présentiel à Marseille, la diversité des profils, des nationalités et des expertises ont également constitué un terreau fertile pour concevoir des projets communs. Que ce soit sur des exercices à trois, ou à 14, Meriem a ressenti beaucoup de fierté à écrire le récit d’une Méditerranée souhaitable avec le groupe. Elle s’est sentie alignée avec les valeurs qu’ils défendaient ensemble, et y a trouvé quelque chose de très inspirant et d’optimiste pour l’avenir. “J’ai adoré l’exercice par secteur d’activité. Avec Camilla et Camélia, nous n’avons pas fait l’exercice à la légère. Pour nous, le projet commun sur lequel nous avons travaillé, il pourrait exister pour de vrai !” Un avenir prometteur pour la cohorte La dynamique entamée lors de la retraite, Meriem a hâte de la retrouver à Tunis lors du second présentiel. D’ici là, Meriem est déterminée à travailler sur son projet et sur son discours prospectiviste. Si Tunis marquera également la clôture du programme, Meriem considère plutôt cet événement comme le commencement d’une autre phase du programme. L'esprit de communauté sera mis à rude épreuve mais elle demeure optimiste et espère qu’il perdurera, que ce soit sous la forme d’un collectif composé des membres de la cohorte, d’un média, d’un blog, de projets communs, de rencontres annuelles entre alumnis etc… Il est également important pour Meriem qu’un lien s’établisse entre les différentes promotions à travers le parrainage des nouveaux apprenants par exemple. Porter la voix de l’Académie au-delà des frontières représentera un autre défi d'ampleur. L’avenir souhaitable sur lequel le groupe a travaillé doit être médiatisé et partagé. C’est uniquement de cette manière que le programme pourra avoir de l’impact. Au-delà des formations, l’Académie vient apporter un vent d’espoir dans une région où être optimiste ne va pas de soi. Entre le contexte politique instable, la crise économique, la déprime ambiante, Meriem dit devoir s’enfermer dans sa bulle startup pour continuer à aller de l’avant. Avec sa startup, elle travaille pour la représentation des designers à l’international, montrer leurs identités créatives et commercialiser leurs produits. Et elle le fait avec fierté, depuis la Tunisie. C’est sa manière de rendre son pays de nouveau attractif pour tous ses compatriotes qui ont fait le choix de le quitter. “ On a besoin d’espoir. On lance des projets pour montrer à la Méditerranée tout ce qu’on a à offrir.” La mode comme outil militant La mode devient son moyen de toucher les gens, de s’exprimer de manière élégante. Meriem se bat pour ce secteur qu’elle affectionne tant, malgré le fait qu’il ne soit pas encore connu et qu’il subisse encore beaucoup de jugements. Comme toutes les autres formes d’art, la mode, c'est également un outil militant qui permet de parler de conflit et de révolution. Aujourd’hui on ne peut nier le fait que le vêtement est un objet politique, et un outil de libération, alors que certaines femmes ne sont toujours pas libres de porter ce qu’elles veulent. La mode peut être libératrice. Elle peut aussi être économique, et pourrait amener une nouvelle forme de tourisme en Tunisie, notamment grâce à son artisanat. Meriem le sait, ça ne se fera pas du jour au lendemain mais elle est persuadée que cela se produira tôt ou tard. “Tous mes collègues et mes amis sont partis. Je suis l’une des seules à vouloir rester en Tunisie. Mais mon projet j’y crois, et ce sera un message d’espoir pour tous les porteurs de projets créatifs qui me demandent “et toi, tu pars quand de Tunisie?”. Il faut être patient et y croire.” Merci à Meriem de nous avoir accordé cette interview, et de nous avoir présenter son projet impactant ainsi que son parcours inspirant au sein de l’Académie !

  • Episode 4 : Camilla Morelli, skipper, artisane et lanceuse-d’alerte

    Nous continuons notre série de portraits avec Camilla Morelli, conceptrice de voile de bateaux dans la région de Venise. Bercée par les sports nautiques depuis son adolescence, elle décide après des études de lettres, de changer complètement de voie et de travailler en tant que couturière dans une voilerie. Si son rêve de métier-passion se réalise ainsi, elle découvre également rapidement les revers de l’industrie, et notamment son impact environnemental catastrophique. En 2010, elle décide de s’attaquer au problème et se lance dans l’upcycling. En redonnant vie aux voiles usagées -qui représentent des quantités de déchets astronomiques- sous forme de sacs, et de portefeuilles, Camilla participe directement à la réduction de la pollution plastique qui gangrène la Méditerranée. Car contrairement à ce que l’on pourrait penser, les voiles de bateaux sont faites de plastique, le matériau responsable de 95% des déchets qu’on retrouve sur les plages et à la surface de la mer Méditerranée. Pour rappel, alors qu’elle représente seulement 1% des eaux marines mondiales, la Méditerranée concentre 7% des déchets micro-plastiques que l’on trouve à l'échelle globale! En limitant les rejets de plastiques en mer, et en sensibilisant l’industrie de la voilerie à la pollution plastique qu’elle engendre, Camila change la donne et aspire à révolutionner son secteur d’activité! Camila nous raconte son parcours. La mer comme horizon. Originaire de Sondrio, une petite bourgade située dans les Alpes italiennes au nord de Milan, Camilla a toujours été attirée et fascinée par la mer. Enfant, ses parents l'emmènent en vacances en Croatie, sur la côte adriatique où elle y observe les bateaux naviguer. Le rêve de tenir la barre d’un de ces navires naît alors. Ses études en lettres classiques et étrangères l'amènent à Venise où elle cultive sa passion pour la voile et où elle y apprend le français. Diplômée mais sans réelle appétence pour les voies qui s’offrent à elle, elle décide de changer totalement d’horizon professionnel. Camilla l’avoue, elle préfère les travaux manuels. C’est sa passion de toujours, le bateau à voile, qui l’amène dans une voilerie où elle se fait embaucher pour concevoir et coudre des voiles de bateaux. Au fur et à mesure du temps passé dans son atelier, Camila se rend compte de la quantité de déchets plastiques produite par son activité. Le plastique est présent tout au long du processus de production, des prototypes, au produit final, en passant par les chutes des découpes. “Il est très facile de croire que le bateau à voile est écoresponsable de part son usage de l’énergie éolienne. Ce n’est malheureusement loin d’être le cas. Les tissus utilisés pour les voiles sont constitués de divers plastiques, qui ne sont pas recyclés une fois que les voiles sont changées.” L’upcycling des voiles de bateaux, un projet qui a le vent en poupe. C’est en 2010, à l’issue d’une mission de 6 mois dans un atelier de voile à La Rochelle, que le projet de Camilla, exaspérée par la vue des déchets produits, prend forme. Au lieu de fermer les yeux sur l’empreinte écologique catastrophique de son industrie, elle décide de donner une seconde vie aux voiles. Mêlant son savoir-faire de couturière à sa créativité, elle commence à concevoir des pièces de maroquinerie avec les voiles usagées et les chutes de tissu des nouvelles. Son projet est lancé! “La matière première est de bonne qualité, il est donc facile de l’utiliser pour créer des nouveaux objets. “ Grâce à des dons de voileries françaises et italiennes, Camilla récupère des voiles usagées, les lave puis les coupe pour ensuite assembler ses créations. Ses pièces ont un succès immédiat, et l’encouragent à se dédier entièrement à cette nouvelle activité. Sa marque “Camoz” peut compter sur un réseau de boutiques de maroquinerie pour vendre ses sacs et portefeuilles. En complément, Camilla a également rejoint une marketplace en ligne où il est possible de commander ses nombreuses créations. L’Académie des talents: une rencontre de passionnés Camilla a rejoint le programme de l’Académie des talents intriguée par l’aspect méditerranéen prédominant du parcours. Elle qui a toujours œuvré pour la protection de la Mare Nostrum, elle se réjouissait de trouver un programme qui partageait ses valeurs. Les cours d’histoire, les ateliers de prospective, les interventions de spécialistes de l’économie bleue, c’est le parcours pédagogique dans son ensemble qui rappelle à Camilla et au reste de la cohorte que l’espace méditerranéen est une réalité d’une grande richesse. La retraite de Marseille a permis au programme de prendre de l’ampleur, justement sur le plan des liens unissant la cohorte. Camilla, qui est de nature solitaire à l’image des skippers du Vendée Globe, a finalement vite pris sa place au sein du groupe. Les ateliers soft-skills, les prises de paroles, et les travaux de groupes ont poussé la vénitienne dans ses retranchements mais lui ont aussi permis de se révéler. Alors qu’elle pouvait être facilement impressionnée par le regard et les remarques des autres, Camilla s’est sentie à l’aise lors de la retraite. L’esprit de groupe, les encouragements des uns envers les autres, l’ambiance bienveillante qui a régi ces six jours lui ont véritablement permis de s’y épanouir. “ Je me suis sentie à l'aise lors de cette semaine. J’y ai découvert que j’étais capable de m’exprimer devant un public, ce dont je ne me doutais absolument pas avant d’y participer. C’était une très belle expérience.” Sortir de son cadre de travail habituel lui a aussi permis de prendre du recul sur son projet. Alors qu’elle comptait se concentrer sur le développement de son activité en ligne, elle est repartie de Marseille avec un nouveau plan d’action. Elle a aujourd'hui l’intention de poursuivre sa production artisanale tout en se positionnant en tant que lanceuse d’alerte sur la pollution de l’industrie de la voile. “ Conserver le caractère artisanal de mes créations est important pour moi. Mon objectif n’est pas de produire des pièces de maroquinerie à grande échelle mais plutôt d’inspirer et sensibiliser l’industrie au recyclage ou upcyclage des voiles. “ La retraite marseillaise a été l’occasion pour Camilla de rencontrer ses pairs, d’échanger au sujet de leurs projets, et même, de penser à des projets communs! La rencontre de Meriem et Camélia, toutes deux engagées dans la mode durable, a été particulièrement enrichissante puisqu’elles ont pu réfléchir à lier leurs projets individuels autour d’une initiative méditerranéenne. Si ce projet est toujours en cours d’idéation, il incarne cette Méditerranée positive et créative que souhaite valoriser l’Académie! Merci à Camilla de nous avoir accordé cette interview, et de nous avoir présenter son projet impactant ainsi que son parcours inspirant au sein de l’Académie !

  • Episode 3: Nadjat Cheriguene, ambassadrice d’un projet familial engagé pour la sécurité alimentaire

    Nadjat, c’est une femme qui n’a jamais vraiment suivi les codes. D’abord parce que contrairement à beaucoup de ses compatriotes ayant fait leurs études en France, elle a décidé de retourner au pays après son bac. Et puis parce qu’elle a décidé de mettre son diplôme d’architecte au service d’un projet entrepreneurial familial, bien éloigné a priori, de son domaine d’expertise. Elle le dit elle-même, “c'est une aventure originale”. Une aventure née de discussions entre frères et sœurs qui a donné naissance à une innovation aux ambitions multiples, et aux usages pluriels. En réimaginant des systèmes frigorifiques qui fonctionneraient à l'énergie solaire, le projet SHEMS WA TEBRID a pour ambition de mettre fin à l’insécurité alimentaire. Assurer le respect de la chaîne du froid, proposer aux agriculteurs un système frigorifique qui conserverait leurs productions, approvisionner des territoires isolés, transporter des médicaments… l’impact socio-économique, humain et environnemental que promet cette innovation est immense. Nadjat revient sur la naissance de ce projet, et la façon dont l’Académie des talents méditerranéen l’accompagne dans son développement. Rencontre. ATM: Bonjour Nadjah, merci de nous accorder cet entretien ! Pour les personnes qui ne te connaissent pas encore, pourrais-tu te présenter toi et ton projet ? Bien sûr! Je m’appelle Nadjat Cheriguene, j’habite à Oran, en Algérie et je suis architecte de formation. J’ai grandi et fait ma scolarité en France avant de revenir après le bac en Algérie où je suis née et où j’ai décidé de poursuivre un cursus universitaire en architecture et urbanisme. Pendant mes études, j'ai beaucoup appris de ma grande sœur qui travaillait dans les systèmes solaires thermiques et photovoltaïques à travers des stages… sans me douter que ces expériences marqueraient le début d’un projet familial d’ampleur ! Je suis la cadette d’une fratrie de 6 enfants. Je me suis depuis toujours intéressée aux défis que chacun rencontrait dans son secteur d’activité respectif, et je posais beaucoup de questions. Mon frère aîné, par exemple, est un agronome qui a toujours été au contact d’agriculteurs. Il les a vu se faire maltraiter par un système aliénant et ingrat : malgré un dur labeur au quotidien, la vente de leurs produits ne couvrait que rarement leurs coûts de production. Plusieurs années de suite, les agriculteurs algériens ont eu un surplus de production, comme celle de la pomme de terre ou de la tomate qui leur a été difficile à gérer en raison du manque de stockages et de transports frigorifiques. Les productions pourrissaient littéralement en route ! En discutant de ces problématiques entre nous, nous nous sommes rendu compte que nous pouvions utiliser nos compétences personnelles pour créer une solution pour ces agriculteurs : un système frigorifique fonctionnant à l'énergie solaire. SHEMS WA TEBRID a mis en place des systèmes frigorifiques 100% solaires fonctionnant en courant continu (12V 24V 48V) et produisant du froid positif ou négatif sans onduleur. Le photovoltaïque alimente en bas voltage le système frigorifique et permet ainsi de diminuer les déperditions énergétiques et d’augmenter la puissance frigorifique. Le projet repose sur notre équipe familiale avec mes trois sœurs, mes deux frères et moi. Finalement chacun d'entre nous a changé de voie professionnelle pour se lancer dans cette aventure. Nos diplômes et nos compétences professionnelles différentes mais complémentaires ont été mises au service de ce projet. Par exemple, moi et mes diplômes d’architecte travaillons sur le design des entrepôts. Mes frères et sœurs travaillent dans les domaines des énergies renouvelables, de la transition énergétique, de l’agronomie, du développement durable et de l’aménagement du territoire. ATM: Et comment s’est concrétisée cette idée ? Où en êtes-vous aujourd’hui? On a d’abord fait beaucoup d’essais au démarrage. Ensuite, nous avons commencé à présenter cette innovation sur le terrain. Nos premières démarches ont commencé en 2014, mais à cette époque nous n’avons pas été pris très au sérieux : pour l'immense majorité de nos interlocuteurs étatiques et privés en Algérie, les énergies renouvelables n’étaient ni d’actualité, ni profitables. Il y a ensuite eu un changement de régime avec la création en 2020 d’un ministère dédié aux startups qui a permis de changer les mentalités grâce à une véritable volonté politique de miser sur le potentiel des énergies renouvelables et de la transition énergétique. Nous avons pu ainsi nous rapprocher de plusieurs incubateurs pour obtenir des aides, à l'instar de l’ADMPE incubateur étatique à Oran, puis de FILAHA INNOVE incubateur privé à Alger. Nous étions enfin entendus ! Cette effervescence nous a alors permis de développer notre projet, d’obtenir le label d’innovation du ministère des startups ainsi que notre premier brevet d’invention. Aujourd’hui nous sommes en phase active de recherche de financement. En parallèle, nous sommes dans l’attente de finaliser notre enregistrement en bonne et due forme auprès du registre du commerce, ce qui est normalement prévu pour le mois de mars 2023 ! Car en effet, sans cette inscription légale, au plan juridique nous ne pouvons toujours pas commencer la vente de nos produits. Aujourd'hui, pour résumer en une phrase, après une année entière consacrée au développement de notre innovation, nous entamons une levée de fonds et finalisons la création de l'entreprise ! ‘’Nous offrons de la flexibilité, de l’autonomie et de la mobilité au client, il peut installer son projet selon ses préférences et non plus selon les dispositions des lignes du réseau électrique.” ATM: Ce projet est vraiment impressionnant et repose sur un potentiel immense ! Avez-vous l’ambition d'en faire bénéficier l'ensemble du bassin méditerranéen - et pourquoi pas au delà- de cette innovation ? Oui tout à fait ! Ce projet est profondément méditerranéen, mais aussi global. Comme tu le sais les problèmes que l’on rencontre en Algérie, on les retrouve également dans les pays du pourtour méditerranéen. On peut donc imaginer le projet appliqué aux produits halieutiques, au secteur de la logistique en imaginant les systèmes frigorifiques capables de faire de plus grandes distances, tout en garantissant la durabilité du mode de transport. Mais de notre projet peuvent découler d’autres innovations comme de l’électroménager solaire. Les possibilités sont multiples mais une chose est sûre : elles permettent véritablement d’améliorer très sensiblement les conditions de vie de nombreuses personnes. ATM: Parle-moi maintenant de ce que le programme de l’Académie a pu t'apporter? Avec quels impacts pour ton projet? J’ai postulé au programme car j'étais intriguée par ses différentes facettes. Et notamment par l’importance donnée à l’espace méditerranéen. Comme tu l’as compris, notre projet a l’ambition d’aider le plus de monde possible et d’avoir un impact positif et réel dans la région. Le programme nous a donc semblé pertinent et j’y ai candidaté ! Et mes intuitions se sont révélées être bonnes puisque le programme m’apporte beaucoup. Il m’a d’abord permis de prendre de la hauteur par rapport à mon environnement quotidien, afin d'envisager des problématiques à l’échelle méditerranéenne. Avec les masterclass j’en apprends davantage sur ses enjeux. Grâce à l’accompagnement projet, j’arrive à consolider notre idée (dans mon cas, le business plan). Et enfin grâce à la visibilité apportée par le programme, j’ai pu faire des rencontres de haut niveau ! Notamment lors du forum Méditerranée du Futur à Marseille où j’ai pu m’entretenir avec le Wali d’Oran. “Depuis l’Académie, ma perception de la Méditerranée a changé. Maintenant je la perçois vraiment comme un espace commun.” ATM: L’Académie c’est aussi une cohorte à l’effectif réduit que tu as rencontrée à Marseille lors de la retraite de Marseille. Tu peux me parler de ce groupe? La retraite de Marseille a été une très belle aventure humaine. Nous nous sommes tout de suite bien entendus entre Académiciens. C’était très intéressant et inspirant d’en apprendre plus sur les projets de chacun, de donner et de recevoir des conseils, et de se rendre compte que malgré nos différences, nous sommes confrontés aux mêmes problématiques, mêmes questionnements. C’était rassurant de voir que nous n’étions pas seuls. Nous sommes soutenus et motivés tout au long de la retraite, et au-delà. Encore aujourd’hui, nous gardons contact en dehors de l’Académie. “Il y a eu un avant et un après “Martin Serralta (intervenant lors de la retraite)”. Désormais mes objectifs sont bien définis, et mon pitch est plus percutant.” ATM: Pour terminer cet entretien, comment envisages-tu l’après-programme? J’aimerais que l’esprit de l’Académie perdure dans le temps. Si nous voulons réellement construire une Méditerranée durable, il faut entretenir un lien entre les cohortes. J’imagine un système de parrainage qui permettrait d’aider les futurs académiciens dans leurs projets mais aussi de partager des conseils entre binômes. Je ne sais pas dans quelle mesure je pourrais soutenir un jeune porteur de projet issu d’un autre pays, mais je serai heureuse d’apporter mon expertise à un confrère ou une consoeur algérienne. “On ne s’engage pas dans une aventure comme celle-ci pour un investissement à court terme. Pourquoi pas parrainer un participant en Algérie ?” Merci à Nadjat de nous avoir accordé cette interview, et de nous avoir présenter son projet impactant ainsi que son parcours inspirant au sein de l’Académie !

  • Episode 2 : Hend Aouini, militante, scientifique et entrepreneure

    Poursuivant notre série de portraits d’académiciens, nous rencontrons cette semaine Hend Aouini, notre doctorante chercheure en biologie marine. Issue du monde de la recherche, Hend a récemment réalisé qu’elle avait le potentiel, en plus de l’envie, de se lancer dans le monde de l’entrepreneuriat. Après ses thèses et ses différents travaux, il lui est apparu évident qu’il était temps pour elle de sortir des laboratoires pour mettre ses recherches au service des femmes et de la mer. Une démarche insolite pour une mère de famille qui doit non seulement faire face à ses propres doutes mais à ceux de toute une société. Et pourtant, quel projet ! En tirant profit des propriétés de certaines algues, Hend veut lancer la production de plastiques biodégradables biosourcés qui seraient produits par les femmes des anciens pêcheurs du golf de Tunis. Impact environnemental, impact social, impact économique, c’est ce genre de projet que l’Académie soutient et est fière d’accompagner ! Rencontre avec Hend qui nous en dit plus sur le raisonnement qui l’a amené à affirmer son projet. Parcours, passions et intuitions Hend est une scientifique dans l’âme et s’est appliquée à suivre un cursus universitaire qui lui permettait d’allier cette passion et son attachement à la mer Méditerranée : bac S, maîtrise en biotechnologie marine, master de recherche en écologie et biologie spécialisé dans la structure des algues et leur valorisation, puis une première thèse de doctorat en écologie benthique en 2011 - avortée en raison du contexte politique, et une deuxième en 2019 sur les algues rouges… Entre ses deux thèses, Hend s’est tournée vers le business familial mais très vite, les laboratoires lui ont manqué. En commençant sa nouvelle thèse qui portait sur les propriétés de l’algue hypnea muciformis, elle a renoué avec la recherche. Accompagnée par le professeur Maître assistant à l'Institut National des sciences et technologies de la mer De Rafik Ben Saïd, elle a étudié le processus d’extraction, la valorisation et la fabrication de bioplastique à partir de cette fameuse algue, jusqu’à établir un processus d’extraction de matière première qui lui permet de produire aujourd’hui un prototype de film alimentaire en bioplastique. Un matériau qui pourrait être utilisé dans plusieurs secteurs, de l’agroalimentaire au pharmaceutique, en passant par le cosmétique. “La valorisation des algues c’était un sujet pionnier en Tunisie quand je me suis lancée.” En plus de ses recherches, Hend s’est toujours impliquée dans sa communauté locale. Elle est la responsable du comité scientifique de l'association de Promotion de la Culture Environnementale de la Banlieue Sud de Tunis, et fait également partie du Tunisian Youth League programme, un programme financé par USAID qui forme la jeunesse aux principes démocratiques et à la bonne gouvernance. Cet engagement citoyen va de pair avec un militantisme écologique en faveur de la protection de la mer Méditerranée, et plus particulièrement de lutte contre la pollution de la banlieue Sud. Depuis 35 ans, le golf sud de Tunis est exposé à des rejets massifs de métaux lourds, d’eaux usées et autres polluants rendant les populations gravement malades qui, malgré l’interdiction de s’y baigner depuis 2000, restent exposées à cette pollution qui ne faiblit pas. Ces deux aspects de sa vie, son innovation bio marine et son engagement citoyen, Hend les a fusionnés dans un projet entrepreneurial. Une révélation L’élément déclencheur de ce projet a été un workshop de développement personnel lors duquel elle a dû se projeter dans 10 ans. C’est à ce moment-là que l’entrepreneuriat s’est imposé à elle comme une évidence. Et sans plus tarder, elle s’est lancée dans une première idéation de projet fondée sur la valorisation de l’aloe vera, pour varier des algues marines. Ce projet a grandi au point d’avoir un business plan finalisé, mais sans aller au-delà puisque Hend a réalisé qu’elle ne pouvait pas abandonner aussi facilement son attachement aux algues. En mars 2022, elle a donc revu son projet, inspirée par d’anciennes professeures de l’université qui s’étaient elles-mêmes lancées dans l’aventure entrepreneuriale, et a candidaté au programme Senior Women in Business de Beta cube. De là, tout est allé très vite, et elle a accédé à la finale du programme, a pitché son projet, et à la sortie de cette expérience, a entamé sa formation à l’Académie, qui l’a elle aussi transformée en profondeurs. “Betacube m’a permis de faire germer une première idée et de pitcher pour la toute première fois.” En intégrant le programme de l’Académie, Hend envisageait son projet entrepreneurial uniquement via le prisme du processus industriel. Elle comptait importer les algues d’Asie et les transformer à Tunis. Sauf qu’en rencontrant Martin Serralta, intervenant du programme, et en suivant ses exercices pour identifier sa raison d’être, elle s’est rendu compte qu’il lui fallait optimiser le sourcing de l'algue, et qu’elle souhaitait profondément faire monter en capacité les femmes tunisiennes. Son projet a alors pris une direction et une ampleur complètement différentes, beaucoup plus alignées avec ses valeurs personnelles. “ L’Académie me donne les outils pour devenir le leader que j’aspire à être.” Le projet Hend souhaite constituer une coopérative qui rassemblerait des femmes du littoral méditerranéen, et plus particulièrement les femmes des pêcheurs du Golf de Tunis. Avec le ralentissement du secteur de la pêche, ces épouses qui travaillaient avant sur les marchés pour vendre les prises de leurs maris se sont progressivement retrouvées au chômage. L’idée de Hend est ainsi de ramener la mer dans leur vie, en les formant à l’algoculture, un travail simple mais qui demande une grande minutie. Cette culture d’algue locale alimenterait en matière première sa startup en biotech marine, qui serait dédiée à la production de granules de bio plastiques. Et ce savoir-faire là, Hend le maîtrise déjà, puisqu’elle produit ces granules compostables et biodégradables dans son laboratoire. “Mes granules de bioplastiques se dégradent en un mois dans l’eau, en moins de quatre mois sur terre, et ne relâchent aucune matière toxique dans l'environnement." Un projet de grande ampleur donc puisque d’abord fondé sur l’humain. Redonner à des femmes des perspectives d’emploi, en lien avec leurs histoires personnelles, est au centre de ce projet. C’est aussi donner aux scientifiques tunisiens l’opportunité de rester dans leur pays en leur offrant une chance de rejoindre son entreprise (plus de 3 000 docteurs sont aujourd'hui au chômage en Tunisie). Une fuite des cerveaux que Hend compte bien empêcher ! Elle envisage même de créer par la suite un laboratoire de recherche et développement où elle pourrait accueillir encore plus de chercheurs. Impact humain, impact économique, mais aussi impact environnemental bien sûr, car l’économie bleue manque cruellement de soutien en Tunisie, et qu’il est primordial de changer la donne. L’Académie, terrain d’expérimentation Hend a été attirée par l’Académie pour son aspect international et ses modules d'accompagnement. Comme pour Karim (retrouvez son interview portrait ici), le programme permet à Hend de tester son idée, de la confronter aux regards des autres, et à leurs expertises. Les ateliers de soft-skills proposés sont également une grande source d'inspiration et de conseils, tant au niveau professionnel que personnel. Car pour que son projet marche, il lui reste à s’affirmer comme leader d’une part, et à trouver des talents à l’international d’autre part. L’Académie l’aide en celà à se projeter dans les étapes de développement à suivre, et à faire l’état des lieux de la maturité de la région. Hend sait désormais que la Tunisie n’est pas prête pour accueillir un projet d’ampleur comme le sien : les mentalités ont la peau dure, la jeunesse n’est pas assez sensibilisée à l’économie bleue, les opportunités de financement locales sont rares… Mais elle sait aussi que ce projet est légitime, innovant, nécessaire, et qu’avec le bon entourage et la bonne stratégie, il lui sera possible de surmonter les obstacles. “Pour moi Marseille a été comme une tornade. Tellement d’énergie, de connaissances échangées, de rencontres !” Ce raisonnement s’est imposé à Hend au contact des intervenants et de la cohorte. L’émulation produite par les rencontres à Marseille a été à la fois bouleversante, questionnante et inspirante. Hend s’est interrogée sur sa présence parmi le groupe à de nombreuses reprises, avant de reconnaître la valeur ajoutée qu’elle y apportait. Son expertise du monde marin et sa personnalité apportent à la cohorte connaissances, cohérence et cohésion. “Je me suis demandée ce que je faisais ici, mais aujourd'hui j'ai réalisé que j’avais de la légitimité. Je suis une scientifique, experte du monde marin, et j’ai ma place dans ce programme.” Un tremplin Si l'Académie a permis à Hend d’affirmer ses convictions personnelles et de développer son projet, le programme lui plait également par son côté humain. Contrairement aux autres programmes par lesquels elle est passée, l’Académie propose un cursus intéressant et intelligent, mêlant masterclass et ateliers, travaux de groupes et travaux individuels, formations professionnelles mais aussi applicables dans la vie personnelle etc… Elle espère que ce programme de qualité puisse apporter des opportunités de développement concrètes, non seulement à son projet, mais aussi au secteur de l’économie bleue. C’est avec une visibilité accrue autour de ces thématiques et d’initiatives comme la sienne, que les verrous de financement pourront enfin céder, et les mentalités changer. C’est pour toutes ces raisons que Hend souhaite voir le programme proliférer. Elle souhaite que les membres de cette première cohorte puissent devenir des ambassadeurs porteurs de valeurs universelles, nobles et justes à travers la Méditerranée. L’aventure humaine qu’est le programme doit perdurer. “Il est plus que temps de faire resurgir une vision humaine de la Méditerranée et du citoyen méditerranéen. Il faut leur redonner vie et respect.” Un grand merci à Hend pour cette interview, ses nombreuses idées et attentes envers le programme.

  • Episode 1: Karim Brouri, un serial entrepreneur engagé pour la protection de la mer Méditerranée

    Nous commençons cette série de portraits des Académiciens avec Karim Brouri, l’aîné de la cohorte. Familier des programmes d'accompagnement (il est le fondateur du premier incubateur du sud de l’Algérie, #Tek2Hub), Karim se trouve habituellement dans la position de coach, ou d'organisateur de programme. Et pourtant, Karim a candidaté à l’Académie des talents méditerranéens et en fait fièrement partie ! Faire des rencontres, confronter son projet à d’autres points de vue, apprendre de nouvelles choses, assouvir sa curiosité, sont tout autant de raisons qui l’ont poussé à postuler et qui en faisait un candidat parfait. Ce programme a en effet comme objectif de réunir des apprenants passionnés par la Méditerranée et les échanges entre les deux rives, mais aussi, et surtout, des apprenants motivés à l’idée de réécrire l’agenda positif de la région à travers des projets à impact. Et Karim a bien l’intention d’avoir de l’impact, et pas qu’un seul ! Avec son projet de nurseries de corail, il ambitionne ainsi de créer des emplois, lutter contre la perte de la biodiversité en Méditerranée, réduire la fracture sociale entre le nord et le sud de l’Algérie ou encore de soutenir la recherche… Un projet de grande envergure qu’il nous présente dans cet entretien. Parcours et passions Petit, Karim, c’était l’intello du quartier. Fils unique et de nature curieuse, une fois le lycée technique terminé, il fait l’école Polytechnique d'Alger puis part en France pour enchainer avec les Arts et Métiers. Là-bas, en plus de ses journées à l’école, il suit des cours du soir pour compléter sa formation d’ingénieur avec des compétences de gestion de projet des systèmes d’informations. On parle ici des prémices de ce que deviendra le digital ! Après ses études et une première expérience en cabinet de conseil à Paris, il retourne au pays 5 ans plus tard. Il commence alors par travailler dans une société de construction, avant de se lancer dans le trading et puis finalement, il décide de fonder sa propre entreprise. Il reprend des études en management et business, et commence à partager son expérience avec des étudiants. En grand passionné de la technologie au service du bien commun, il accompagne et crée des startups à impact depuis désormais 9 ans, selon trois axes d’actions principaux : la tech for good, l’innovation au service de la société et le travail autour du changement climatique. Ces dernières années, Karim investit ainsi beaucoup de son temps dans la formation des jeunes et dans l’agriculture dans le sud de l’Algérie. “Je me suis récemment rendu compte que j’avais toujours eu l'âme d’un entrepreneur. Je me souviens qu’à quinze ans, en plein milieu de la décennie noire algérienne, j'organisais des boums. Ce premier business était un flop total mais cela n’en était pas moins une première expérience entrepreneuriale !” Un projet pour faire coïncider conscience environnementale et besoin du terrain C’est en 2015 que la prise de conscience environnementale de Karim a lieu. En tant qu’enfant de la mer, il se rappelle qu’une fois en France, c’était la mer (et les chats de rue) qui lui manquait le plus. Pendant toute son enfance, il faisait de la voile, de la pêche, de la plongée et a pu voir de ses propres yeux la dégradation progressive de la mer. En complément de son histoire personnelle, ce sont des rencontres professionnelles qui l’ont progressivement dirigé vers le projet qu’il développe aujourd’hui. Il y a eu cette rencontre avec des anciens contrebandiers de coraux entre l’Algérie et la Sardaigne. Ces hommes se voyaient contraints et forcés de se tourner vers cette activité illégale en raison du manque d’opportunités économiques dans leur région. En 2018, il y a aussi eu la rencontre lors de Vivatech de cette startup qui produisait des récifs artificiels pour cultiver des coraux à partir des déchets (gravats) du secteur du bâtiment. Et enfin, la rencontre avec un ex-ministre de la pêche et de l’agriculture, avec qui il a pu discuter et échanger au sujet des relations entre mer et désert, développement économique et protection environnementale. Ces différents événements ont permis à Karim d’aboutir à cette idée de plateforme web spécialisée dans le crédit carbone qui regrouperait toutes les initiatives, marines et terrestres, qui permettent la capture de CO2. En complément, il souhaite créer des nurseries de corail en mer pour restaurer la biodiversité marine, capter le dioxyde de carbone, et créer des opportunités économiques pour les personnes tentées par la contrebande. Mais le projet de Karim ne s’arrête pas là, puisqu’en parallèle des nurseries installées en pleine mer, il veut également en créer “onshore”, au milieu du désert. Car pour ceux qui l’ignorent, l'agriculture du sud de l'Algérie est confrontée au problème de la gestion d’eau saline, qu’on y trouve en abondance. C’est donc à partir de cette eau salée, non exploitée, que les nurseries de corail dans les terres pourraient prospérer. Ces exploitations permettraient encore et toujours d'accélérer l’implantation de coraux en mer, de créer des emplois et de réduire les fractures économiques, sociales et humaines dont souffrent les populations du désert. “L’idée c’est aussi de cultiver ce corail éco-friendly pour le vendre à des marques de luxe.” Aujourd’hui ce projet ambitieux prend progressivement forme avec la signature de partenariats, l’élaboration d’un business model durable, le début de tests pour les coraux onshore et inshore, la rencontres avec des aquaculteurs, un rapprochement avec des institutions de recherches et développement… mais surtout avec la mise en ligne de la plateforme web/mobile ‘AKOMA’, dont l'algorithme permet d’estimer l'empreinte CO2 des particuliers et des entreprises, et de leur offrir plusieurs packs de compensation (plantage d’arbres dans les oasis, marrainage de coraux…). Le prochain objectif à atteindre en 2023-2024 est de lancer des projets de recherche sur les changements génétiques des coraux, en lien avec le changement climatique, afin d’obtenir un appui technique à la culture de ces espèces. L’Académie, un regard extérieur nécessaire au développement du projet Pour Karim, qui se trouve généralement dans la position du coach, redevenir un apprenant dans le cadre de l’Académie n’allait pas forcément de soi. Et pourtant, en tant que porteur de projet, il avait besoin de trouver un cadre propice à la confrontation d’idées, et c’est chose faite avec ce programme. L’Académie s’est présentée comme un terrain de test où des interlocuteurs aux profils hétéroclites et complémentaires pouvaient lui apporter une nouvelle perspective, de nouvelles idées, et des nouvelles critiques constructives. Mais en plus de cet aspect projet, l’Académie représente pour lui une aventure humaine extrêmement riche à travers la construction d’un réseau méditerranéen d’acteurs engagés, et d’intervenants experts dans leur domaine. “Tout entrepreneur doit pouvoir fournir un storytelling percutant, et pour cela, rien de mieux que de le rattacher à une réalité existante. Avec les cours de l’Académie j’ai pu renforcer mon storytelling.” Plus spécifiquement, Karim a trouvé dans le contenu de l’Académie le matériel intellectuel, historique et sociologique nécessaire à l'élaboration d’un storytelling plus précis, plus sensé. La partie théorique apportée par Martin Serralta (approche prospectiviste) et les intervenants de Aix Marseille Université (enjeux et histoire de la Méditerranée) ont permis cette phase de test and learn qu’il recherchait. La partie pratique, dédiée à l’accompagnement projet par Minassa, s’est également révélée complémentaire à l’approche que Karim a de son projet. La rencontre personnalisée avec le coach projet, lui a enfin donné de nouvelles perspectives et conseils pour son projet de levée de fonds. Une cohorte unie, à fort potentiel Karim a trouvé dans la cohorte de la bienveillance et un espace privilégié pour le partage d’expérience entre apprenants, un sentiment renforcé par la retraite organisée à Marseille. Cette rencontre entre méditerranéens passionnés a rapidement donné lieu à une entre-aide au-delà des frontières maritimes ! Aujourd’hui, Karim a pu mettre en relation Camilla et un ami algérien qui récupère des voiles bâteau, matières premières du projet de notre représentante italienne. C’est aussi les expertises complémentaires des apprenants qui apportent une valeur ajoutée et une mine d'opportunités à cette cohorte. Désormais chacun peut trouver dans son collègue académicien, un expert de tel ou tel aspect de son projet. “Je souhaite que l’Académie des talents puisse perdurer afin que nous puissions voir l’aboutissement de tous ces projets”. C’est pour cela que Karim souhaite de tout coeur voir perdurer l’Académie. Selon lui, la richesse de ce programme pourra être révélée à condition que plusieurs cohortes se succèdent et s’entre-aident année après année. Pourquoi ne pas envisager que ce soit les alumnis qui animent la cohorte suivante ? Comment est-ce que les futures cohortes pourraient capitaliser sur les connaissances acquises par la première ? C’est en créant un lien viscéral et solide entre les projets que cette Méditerranée souhaitable pourra voir le jour. Un grand merci à Karim pour cette interview, ses nombreuses idées et attentes envers le programme.

  • Première retraite de l’Académie des Talents méditerranéens : rencontres, co-construction et partage

    Un mois et demi après le lancement officiel en digital de l'Académie des Talents Méditerranéens, un programme d’accompagnement annoncé par le président Emmanuel Macron en février 2022, les académiciens se sont donné rendez-vous du 30 novembre au 06 décembre, à Marseille, pour une semaine d’échanges, de formations, de rencontres et de networking ! Opérée par le Campus de l’Agence française de développement et StartupBRICS, avec le soutien de la Direction interministérielle à la Méditerranée (Dimed) l’Académie des Talents a proposé à ses apprenants un temps de rencontre côté Rive Nord pour souder la communauté, penser la raison d’être et accélérer les projets portés par chacun d’entre eux au bénéfice de leur Méditerranée souhaitable, et prendre part à Méditerranée du Futur, un forum international organisé par la Région Sud. Une semaine riche attendait donc nos Talents ! Retour sur les grands temps forts de cette Retraite marseillaise. Ateliers innovants et continuité du parcours pédagogique L’Académie des talents méditerranéens est un programme d'accompagnement hybride, qui s’était jusqu’à présent déroulé uniquement en ligne. Cette retraite marseillaise a donc constitué un premier temps fort pour la communauté des Talents, et s’est ouverte par des ateliers de cohésion de groupe. Accueillie dans les locaux du Campus de l’AFD, la cohorte a pu bénéficier du savoir-faire de Caroline Rozières, chargée de mission régionale Afrique du nord à l’AFD, et de Kristalna Perrody, cheffe de projet pédagogique, sur le développement de ses soft-skills dès son arrivée le 30 novembre après-midi, avec une formation sur les 4C : créativité, esprit critique, communication et intelligence collective. Ice-breaker, exercice d’improvisation, travail en duo, réflexion en groupe, cette première journée a permis à la cohorte de faire connaissance et d’avoir un aperçu des compétences du XXIe siècle. Les deux jours suivants ont ensuite été réservés aux interventions de Martin Serralta, expert en prospective des organisations, pour une réflexion en profondeur sur leurs projets individuels et la manière dont ceux-ci peuvent s'inscrire dans le récit d’une Méditerranée Souhaitable à l’horizon 2040. Travail sur la raison d’être de leur initiative, pitch de sa vision souhaitable, brainstorming sur ce que pourrait être la Méditerranée du futur et récit collectifs : les académiciens, qui avaient déjà rencontré Martin pour des sessions digitales, ont été questionnés, chamboulés, surpris, inspirés, bouleversés par ces sessions en présentiel. Leurs efforts ont ainsi abouti à d'impressionnants résultats, puisque vendredi soir, lors de la présentation de leurs récits souhaitables en présence de Caroline Rozière et Mathieu Vasseur, Directeur Afrique du Nord de l’AFD, tous ont su impressionner l’auditoire par leur aisance, la maturité et la clarté de leurs projets. Explorations du patrimoine méditerranéen et visites de terrain Ces trois jours de formation intensive ont été suivis de sorties de terrain dans Marseille en lien avec le reste du cursus. Samedi matin, la cohorte a ainsi pu visiter la Grotte Cosquer, accompagnée de représentants de l'institut ArkaÏa -département d’archéologie d'Aix-Marseille Université- partenaire du programme. Cette sortie était non seulement l'occasion de rencontrer des professeurs étant intervenus lors du cursus en digital, mais également de bénéficier de leur expertise dans le cadre de cette visite. Kaliopi Baika, archéologue et intervenante pour l’Académie, a ainsi donné une courte masterclass sur la protection des sites archéologiques menacés par le réchauffement climatique. La fin de journée était réservée à l’enregistrement d’un podcast à la Friche Belle de Mai avec Radio Grenouille, également partenaire du Campus de l’AFD. Ces podcasts réalisés à partir de micro-trottoirs enregistrés pendant les ateliers, et d’une table-ronde en studio entre académiciens, seront publiés début 2023 et retraceront le parcours de la cohorte, en présentant de manière immersive ce qu’aspire à être l’Académie des Talents méditerranéens. Plaidoyer pour une méditerranée souhaitable Pour clôturer cette retraite, nos 14 talents ont participé à une série de temps forts en marge du sommet Méditerranée du Futur organisé par la Région PACA, autre partenaire du programme, les 5 et 6 décembre à l'Hôtel de Région et au parc Chanot. Une première rencontre s’est tenue dès le dimanche soir avec la Délégation du Conseil méditerranéen de la jeunesse, dont les représentants sont engagés sur des sujets similaires à ceux portés par les Talents : environnement, inclusion et mobilité. Une rencontre internationale qui a été pour eux l’occasion d’échanger avec leur marraine, Patricia Ricard, Présidente de l’Institut Océanographique Paul Ricard, sur les clés de succès d’un projet et les enjeux de biomimétisme. Un temps fort suivi d’une rencontre privilégiée avec l'Ambassadeur, délégué interministériel à la Méditerranée Karim Amellal, pour un moment d’échange inédit entre acteurs et décideurs en Méditerranée. L’Ambassadeur a ainsi pu découvrir le profil et les projets de nos douze académiciens, qui l’ont fortement impressionnés en tant que fruits concrets du Forum des Mondes méditerranéens de février 2022. Lors de la deuxième journée du forum, de nombreux moments de networking ont eu lieu pour les Talents, dont certains ont eu l'opportunité de participer à des tables rondes et plénières lors desquelles ils ont pu représenter la cohorte, présenter leur projet et la philosophie et les objectifs de l 'Académie. Méditerranée du Futur a ainsi donné une belle visibilité à nos porteurs de projet, qui, grâce au travail d’une semaine intensive d’introspection, de réflexion et de projection, ont pu présenter avec aisance et conviction leur vision positive, engagée et à impact de notre Mare Nostrum ! La semaine a ainsi été riche en émotions, en rencontres et en découvertes pour la cohorte ! Celle-ci repart inspirée et motivée pour la seconde partie du programme, qui se poursuit de nouveau en digital avant une nouvelle et dernière rencontre en présentiel à Tunis, au printemps 2023.

  • Académie des talents méditerranéens : la première édition est lancée !

    Lundi 17 octobre, la cohorte de l’Académie des Talents méditerranéens s’est retrouvée pour la toute première fois pour entamer sa formation entourée par les partenaires du programme ! Moins d’un an après l’annonce par le Président de la République Emmanuel Macron de cette initiative, ce lancement digital a ainsi marqué les débuts de l’Académie, un projet inédit placé sous le signe d’un narratif renouvelé en Méditerranée, pour une région portée par ses sociétés civiles et sa jeunesse. Lors de cette journée, les 14 Talents sélectionnés à l’issue d’un appel à candidatures régional ont pu s’y rencontrer autour d'ateliers participatifs, recevoir les encouragements des soutiens du programme, et découvrir en détails les méthodologies adoptées par les intervenants du cursus. Au programme de la journée donc : moments de rencontre, d’échange et de partage ! Retour sur cette journée de lancement. L’Académie des Talents Méditerranéens a officiellement ouvert ses portes ce lundi 17 octobre de manière digitale . Lors de cette journée de lancement, les 14 porteurs de projet issus des deux rives de la Méditerranée ont enfin pu faire connaissance et suivre des ateliers d'onboarding. Pour inaugurer le programme, monsieur Karim Amellal, ambassadeur délégué interministériel à la Méditerranée a pris la parole pour accueillir la cohorte. Son discours a rappelé l'importance de cette initiative qui s’inscrit dans la continuité du Sommet des deux rives de 2019, et du Forum des mondes méditerranéens de février 2022. Devant les défis environnementaux, migratoires et sociaux auxquels sont confrontés la région méditerranéenne, il a présenté les 14 Talents comme étant une véritable source d’espoir et d’action à impact réel. “Je suis persuadé que c’est en réunissant des Talents comme vous que nous pourrons relever les défis auxquels sont confrontés la Méditerranée aujourd’hui !” Karim Amellal, ambassadeur délégué interministériel à la Méditerranée Sarah Marniesse, responsable du Campus de l’Agence française de développement (AFD) a ensuite pris la parole en tant que commanditaire du projet. Elle a insisté sur le fait que ce programme était emblématique du Campus de l’AFD, véritable laboratoire d’innovation pédagogique dont la triple vocation est incarnée par l’Académie : comprendre ensemble, inspirer pour mettre en mouvement et avoir l’ambition d’agir. Face au monde complexe dans lequel nous vivons, la coopération, l’introspection et l’inspiration entre pairs apparaissent ainsi comme des leviers d’action, sur lesquels le programme va travailler. “Nous vivons dans un monde complexe dans lequel tous les défis sont liés. C’est la raison pour laquelle il est indispensable de comprendre leur imbrication mais aussi la manière dont on les aborde. C’est en comprenant ensemble ces implications que nous pourrons aller de l’avant.” Sarah Marniesse, responsable du Campus de l’Agence française de développement (AFD) Samir Abdelkrim, fondateur de StartupBRICS, l’opérateur du programme, a ensuite pris la parole pour remercier l’ensemble des parties prenantes et féliciter les apprenants pour leur engagement en faveur d’une Méditerranée à impact positif. Il leur a également rappelé qu’ils étaient dorénavant des ambassadeurs du programme chargés d’inspirer les générations futures, et de changer la donne dans la région. “Il est temps de s’emparer des grands défis contemporains, et d’y apporter nos contributions à impact !” Samir Abdelkrim, fondateur de StartupBRICS Pour finir la session inaugurale, Patricia Ricard, présidente de l'Institut océanographique Paul Ricard et marraine de cette première édition a pris la parole pour encourager nos Talents. Elle les a invités à étendre leur capacité de compréhension et leur curiosité aux sujets scientifiques car, selon l’experte, il est aujourd’hui crucial de réconcilier la technosphère et la biosphère. Devant les menaces du changement climatique, il y a de l’espoir et des solutions en Méditerranée. Elle a invité les talents à rester enthousiastes devant la difficulté car les défis de demain se relèveront à plusieurs. Les rencontres interdisciplinaires et intergénérationnelles, incarnées par l’Académie des Talents, représentent un moteur d’action au potentiel immense. “La Méditerranée a été le berceau de nos civilisations, et je sais qu’elle sera le creuset des solutions partagées entre la rive nord et la rive sud. Elles abritent une richesse extraordinaire qui pourra devenir terriblement fertile si nous nous unissons autour de leurs enjeux partagés” Patricia Ricard, présidente de l'Institut océanographique Paul Ricard et marraine du programme Ces prises de parole ont ensuite cédé la place à un temps de présentation des Talents et de leur projets issus d’un ou de plusieurs pays du 5 + 5 : La journée a également été rythmée par des ateliers participatifs qui ont permis aux 14 talents de faire connaissance. Grâce à des ateliers Miro sur le thème du récit personnel d’une part, sur leur implication dans l’Académie d’autre part, les participants connectés depuis les quatre coins de la Méditerranée ont échangé en petits groupes sur leur façon de penser cet espace. Finalement, cette journée d’intégration a également été l’occasion de présenter de nouveau et en présence des partenaires concernés, les trois axes autour desquels le programme se déroulera. L’axe 1 “Comprendre” dont l’objectif est d’apporter aux bénéficiaires des clés de compréhension des enjeux historiques et contemporains de la Méditerranée à travers une approche pluridisciplinaire, a été présenté par Kristalna Perrody, chargée de projet pédagogique au Campus de l’AFD (qui sera pris en charge par L’institut d’archéologie Archaia) et par Natasa Danelciuc Colodrovschi et Antoine Dolez, de l'Institut des Sociétés en mutations (SoMum) responsable de sa seconde partie. L’axe 2 “Inspirer” qui pour ambition d’aider les bénéficiaires à se projeter dans des récits de futurs souhaitables pour une Méditerranée en commun, était présenté par Martin Serralta de l'Institut des Futurs Souhaitables, qui accompagnera les Talents dans une démarche prospectiviste. Le deuxième partenaire de cet axe, La Fabrique des Récits - Sparknews - a quant à lui délivré sa première intervention sur le thème du récit en fin de séquence. L’occasion pour les apprenants d’être proactifs lors de cette journée de lancement ! La présentation du programme s’est clôturée par l'intervention de Claire Nakkachi responsable de Minassa, le partenaire de l’axe 3 “Agir”. Celle-ci a présenté la méthodologie d’accompagnement qui sera adoptée pour soutenir les Talents dans la consolidation de leur projet à impact. Cette journée de lancement s’est finalement terminée par un sondage interactif dans lequel les Talents ont partagé leurs ressentis et leurs attentes vis-à-vis de l’Académie. Tout au long de cette première journée de travail, les 14 talents n’ont cessé de montrer leur enthousiasme, leur motivation, et leur volonté d’agir pour le futur de la Méditerranée. L’Académie des Talents ne fait que commencer, mais elle a déjà démontré le dynamisme de ses apprenants. Un excellent signe pour la suite du cursus ! Un grand merci à l’ensemble des partenaire du programme : le Campus de l’AFD, le Ministère des Affaire Etrangères et de l’Europe, StartupBRICS, la Région Sud, l’Institut océanographique Paul Ricard, l’Université Aix Marseille Université et ses instituts d’archéologie Archaia, et de sociétés en mutations SoMum, l'Institut des Futurs Souhaitables, la Fabrique des Récits - Sparknews, et Minassa.

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