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Episode 10 : Issa Djimera: ramener la vie après le crépuscule


Dans notre dixième épisode de notre série de portraits d’académiciens, nous rencontrons Issa Djimera. Issa est mauritanien et il a décidé de mettre son expérience professionnelle au service d’un projet qui lui tenait à cœur: l’électrification des villages mauritaniens isolés. Au cours de ses différentes missions en milieu rural, il a pu voir combien le manque d'électricité pénalisait le développement socio-économique des communautés. Chômage endémique, isolement, analphabétisme, extrême pauvreté… Ces fléaux, Issa compte les combattre à travers un projet d’électricité verte qui non seulement alimenterait en électricité les villages et ses commerces, mais qui garantirait aux femmes bénéficiaires, un micro-crédit et un accompagnement dans la gestion de leur entreprise. Electrification, croissance économique, et autonomisation des femmes mauritaniennes sont quelques-uns des impacts directs qu’aurait le projet d’Issa sur les communautés rurales! Et c’est avec ce projet d’envergure qu’il s’est présenté à l’Académie. Aujourd’hui, celui-ci a dramatiquement évolué, et s’est consolidé. Issa revient sur la naissance de son projet, et la manière dont l’Académie l’a aidé dans le développement de celui-ci.


ATM: Bonjour Issa, pour les personnes qui ne te connaissent pas encore, pourrais-tu te présenter ?


Je m’appelle Issa Djimera, je suis mauritanien, et je vis à Nouakchott. C’est dans cette même ville que j’ai grandi et étudié du primaire à ma licence en économie. Je suis ensuite parti faire mon master en Tunisie avant de rentrer et de tenter le concours de l’Ecole Nationale de journalisme et de magistrature. Je n’y ai pas été accepté mais cet échec a marqué le début de ma carrière en ONG. J’ai commencé par travailler dans un centre culturel avant de devenir animateur dans un projet socio-économique pour un organisme de l’ONU. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à me spécialiser dans l’insertion socio-professionnelle des jeunes et des femmes en milieu rural.

Aujourd’hui j’ai plusieurs casquettes ! Je suis conseiller technique dans une ONG dans laquelle j’interviens sur ce sujet précis de l’insertion socio-professionnelle. Mais je dirige également “Citoyennes, citoyennes debout !”, un espace où les jeunes viennent se former afin d’intégrer le monde professionnel. Je suis également chargé de suivi évaluation du programme “Fage”, un programme lancé par l'ambassade de France en Mauritanie. Et pour finir, il m’arrive de donner des cours à l’université de Nouakchott et dans des universités privées de Mauritanie.


ATM: Et ton projet, pourrais-tu nous expliquer d’où il vient, et en quoi il consiste?


Mon projet est directement issu de mes missions de terrain en milieu rural. Il faut s’imaginer que dans ces zones reculés il n’y a pas, ou peu, d'électricité, alors même qu’elles sont extrêmement peuplées. Cela veut dire qu’une fois le soleil couché, la vie s’arrête ! Ce manque d’électricité a de graves conséquences sur le niveau de vie des habitants : il y a un chômage rampant, une grande pauvreté mais il y a également des problèmes de santé publique et des problèmes d’éducation. Les enfants sont donc très souvent déscolarisés et analphabètes.


“Le manque d'électricité dans ces village anéanti leur développement économique.”


Ces zones abandonnées par les pouvoirs publics sont véritablement l’expression du mal qui ronge la société mauritanienne. Nos élus ne gouvernent pas pour le pays mais pour la région dont ils sont issus, laissant ainsi dépérir les autres…


Malgré tout, ces régions ont de quoi devenir autonome énergétiquement et économiquement! J’aimerais construire des espaces équipés de panneaux photovoltaïques qui seraient en mesure de fournir en électricité les villages. Mais le projet ne s'arrête pas là. En plus de la production et de la vente d’électricité, une mutuelle accorde des microcrédits aux femmes qui souhaitent utiliser cette énergie dans le but de développer un commerce. Et ces femmes, je les accompagnerai dans le développement de leurs activités sur des périodes de 3 mois.


C’est une collaboration tripartite : la production d’électricité, la mutuelle, et les bénéficiaires”



ATM: Et aujourd’hui, où en est ton projet ?


Cette année je vais lancer le pilote de mon projet dans le village de Monguel, dans la région du Gourgoul. La mairie me loue à un prix symbolique un espace de 200 m² pour y construire la centrale photovoltaïque. Là-bas j’y ai mené des entretiens avec les femmes du village qui souhaitent entreprendre. Pour cette première édition, je vais en accompagner trente. Trente femmes, qui je l’espère pourront ouvrir leur commerce (restauration, salon de coiffure, boulangeries et autres micro-entreprises) et donner un second souffle à leur village !


Je suis accompagnée dans ce projet par deux collègues, un ingénieur et une technicienne qui s’occuperont de la production d’électricité.


Mais aujourd’hui je ne dispose d’aucun financement. Les besoins sont pourtant importants: panneaux solaires, équipements, salaires… J'espère rencontrer des partenaires rapidement et voir se concrétiser les promesses de financement que j’ai reçues.


ATM: Peux-tu désormais me parler de l’Académie? Pourquoi y as-tu postulé et qu’y as-tu trouvé ?


J’étais intrigué par le prisme méditerranéen du programme. Avant l’Académie je n’envisageais pas du tout la Méditerranée comme un espace commun, alors que celui-ci est chargé d’histoire. Les cours m’ont donc beaucoup apporté de ce point de vue. À travers le programme, j’ai également bénéficié des conseils de Martin et Yassine, les deux accompagnants spécialisés dans le suivi de nos projets.


“La Méditerranée c’est une histoire et un patrimoine à cultiver et à protéger.”


Quand j’ai intégré l’Académie j’avais mon idée de projet mais j’étais incapable d’en parler. Aujourd'hui celui-ci a bien évolué et je suis en capacité de l’expliquer clairement. Et il est bien plus solide qu’auparavant puisque les coachs m’ont poussé à revoir son Business Model et à revoir ma manière de pitcher.


J’ai également trouvé dans l’Académie des camarades très inspirants. Nos projets, bien que très différents les uns des autres, présentent de nombreux points de synergie. À Marseille, j’ai tout de suite trouvé un esprit de partage et d’entraide: nous nous encourageons mutuellement, nous nous donnons et recevons des conseils en fonction des expertises de chacun… Nous avons vécu quelque chose de très fort lors de cette première retraite, et j’ai hâte que l’on se retrouve à Tunis.

Merci à Issa de nous avoir présenté son projet et la manière dont l’Académie l’a aidé à reconsidérer l’espace méditerranéen et à accélérer le développement de son projet.



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