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Episode 4 : Camilla Morelli, skipper, artisane et lanceuse-d’alerte

Dernière mise à jour : 28 févr. 2023

Nous continuons notre série de portraits avec Camilla Morelli, conceptrice de voile de bateaux dans la région de Venise. Bercée par les sports nautiques depuis son adolescence, elle décide après des études de lettres, de changer complètement de voie et de travailler en tant que couturière dans une voilerie. Si son rêve de métier-passion se réalise ainsi, elle découvre également rapidement les revers de l’industrie, et notamment son impact environnemental catastrophique. En 2010, elle décide de s’attaquer au problème et se lance dans l’upcycling. En redonnant vie aux voiles usagées -qui représentent des quantités de déchets astronomiques- sous forme de sacs, et de portefeuilles, Camilla participe directement à la réduction de la pollution plastique qui gangrène la Méditerranée. Car contrairement à ce que l’on pourrait penser, les voiles de bateaux sont faites de plastique, le matériau responsable de 95% des déchets qu’on retrouve sur les plages et à la surface de la mer Méditerranée. Pour rappel, alors qu’elle représente seulement 1% des eaux marines mondiales, la Méditerranée concentre 7% des déchets micro-plastiques que l’on trouve à l'échelle globale! En limitant les rejets de plastiques en mer, et en sensibilisant l’industrie de la voilerie à la pollution plastique qu’elle engendre, Camila change la donne et aspire à révolutionner son secteur d’activité! Camila nous raconte son parcours.




La mer comme horizon.


Originaire de Sondrio, une petite bourgade située dans les Alpes italiennes au nord de Milan, Camilla a toujours été attirée et fascinée par la mer. Enfant, ses parents l'emmènent en vacances en Croatie, sur la côte adriatique où elle y observe les bateaux naviguer. Le rêve de tenir la barre d’un de ces navires naît alors. Ses études en lettres classiques et étrangères l'amènent à Venise où elle cultive sa passion pour la voile et où elle y apprend le français. Diplômée mais sans réelle appétence pour les voies qui s’offrent à elle, elle décide de changer totalement d’horizon professionnel. Camilla l’avoue, elle préfère les travaux manuels. C’est sa passion de toujours, le bateau à voile, qui l’amène dans une voilerie où elle se fait embaucher pour concevoir et coudre des voiles de bateaux.

Au fur et à mesure du temps passé dans son atelier, Camila se rend compte de la quantité de déchets plastiques produite par son activité. Le plastique est présent tout au long du processus de production, des prototypes, au produit final, en passant par les chutes des découpes.

“Il est très facile de croire que le bateau à voile est écoresponsable de part son usage de l’énergie éolienne. Ce n’est malheureusement loin d’être le cas. Les tissus utilisés pour les voiles sont constitués de divers plastiques, qui ne sont pas recyclés une fois que les voiles sont changées.”


L’upcycling des voiles de bateaux, un projet qui a le vent en poupe.


C’est en 2010, à l’issue d’une mission de 6 mois dans un atelier de voile à La Rochelle, que le projet de Camilla, exaspérée par la vue des déchets produits, prend forme. Au lieu de fermer les yeux sur l’empreinte écologique catastrophique de son industrie, elle décide de donner une seconde vie aux voiles. Mêlant son savoir-faire de couturière à sa créativité, elle commence à concevoir des pièces de maroquinerie avec les voiles usagées et les chutes de tissu des nouvelles. Son projet est lancé!


“La matière première est de bonne qualité, il est donc facile de l’utiliser pour créer des nouveaux objets. “


Grâce à des dons de voileries françaises et italiennes, Camilla récupère des voiles usagées, les lave puis les coupe pour ensuite assembler ses créations. Ses pièces ont un succès immédiat, et l’encouragent à se dédier entièrement à cette nouvelle activité. Sa marque Camoz peut compter sur un réseau de boutiques de maroquinerie pour vendre ses sacs et portefeuilles. En complément, Camilla a également rejoint une marketplace en ligne où il est possible de commander ses nombreuses créations.





L’Académie des talents: une rencontre de passionnés


Camilla a rejoint le programme de l’Académie des talents intriguée par l’aspect méditerranéen prédominant du parcours. Elle qui a toujours œuvré pour la protection de la Mare Nostrum, elle se réjouissait de trouver un programme qui partageait ses valeurs. Les cours d’histoire, les ateliers de prospective, les interventions de spécialistes de l’économie bleue, c’est le parcours pédagogique dans son ensemble qui rappelle à Camilla et au reste de la cohorte que l’espace méditerranéen est une réalité d’une grande richesse.


La retraite de Marseille a permis au programme de prendre de l’ampleur, justement sur le plan des liens unissant la cohorte. Camilla, qui est de nature solitaire à l’image des skippers du Vendée Globe, a finalement vite pris sa place au sein du groupe. Les ateliers soft-skills, les prises de paroles, et les travaux de groupes ont poussé la vénitienne dans ses retranchements mais lui ont aussi permis de se révéler. Alors qu’elle pouvait être facilement impressionnée par le regard et les remarques des autres, Camilla s’est sentie à l’aise lors de la retraite. L’esprit de groupe, les encouragements des uns envers les autres, l’ambiance bienveillante qui a régi ces six jours lui ont véritablement permis de s’y épanouir.


“ Je me suis sentie à l'aise lors de cette semaine. J’y ai découvert que j’étais capable de m’exprimer devant un public, ce dont je ne me doutais absolument pas avant d’y participer. C’était une très belle expérience.”


Sortir de son cadre de travail habituel lui a aussi permis de prendre du recul sur son projet. Alors qu’elle comptait se concentrer sur le développement de son activité en ligne, elle est repartie de Marseille avec un nouveau plan d’action. Elle a aujourd'hui l’intention de poursuivre sa production artisanale tout en se positionnant en tant que lanceuse d’alerte sur la pollution de l’industrie de la voile.


“ Conserver le caractère artisanal de mes créations est important pour moi. Mon objectif n’est pas de produire des pièces de maroquinerie à grande échelle mais plutôt d’inspirer et sensibiliser l’industrie au recyclage ou upcyclage des voiles. “


La retraite marseillaise a été l’occasion pour Camilla de rencontrer ses pairs, d’échanger au sujet de leurs projets, et même, de penser à des projets communs! La rencontre de Meriem et Camélia, toutes deux engagées dans la mode durable, a été particulièrement enrichissante puisqu’elles ont pu réfléchir à lier leurs projets individuels autour d’une initiative méditerranéenne. Si ce projet est toujours en cours d’idéation, il incarne cette Méditerranée positive et créative que souhaite valoriser l’Académie!





Merci à Camilla de nous avoir accordé cette interview, et de nous avoir présenter son projet impactant ainsi que son parcours inspirant au sein de l’Académie !

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